Le projet de mettre une taxe supplémentaire sur les paris hippiques scandalise et inquiète vivement les professionnels de la filière (voir 4 octobre et 22 octobre). C’est la sauvegarde de la filière équine Française qui est en jeu, régit dans un interview à France Bleu Normandie, le secrétaire général de la Fédération Nationale des Courses Hippiques.
• France Bleu Normandie : Le gouvernement cherche de l’argent pour financer son Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale en 2025. Cette taxe supplémentaire sur les paris hippiques vous dites c’est une très mauvaise idée, pourquoi ?
•• Pierre Préaud : Parce qu’elle correspondrait à environ 80 millions d’euros d’augmentation de la fiscalité sur les paris hippiques et que, aujourd’hui, la filière des courses hippiques ne serait pas en mesure d’absorber cette surcharge de fiscalité, ni en la reportant sur le consommateur qui est le client, c’est à dire en baissant le taux de retour joueur, ce qui pour nous serait une très mauvaise dynamique.
Alors que nous sommes depuis plusieurs années dans une tendance baissière sur les enjeux et sur le nombre de clients, nous ne pourrions pas l’absorber non plus par des économies dans nos charges parce que nous avons déjà depuis de nombreuses années optimisé nos charges de fonctionnement et nous serions donc contraints d’imputer ce surcoût sur les revenus agricoles que nous versons aux acteurs de la filière.
Alors que nous sommes une filière associative agricole qui ne verse pas de dividendes des actionnaires, nous consacrons tous nos revenus à financer la mission de service public que l’Etat et la loi nous confèrent, qui est celle du développement de l’espèce équine, de l’amélioration de l’élevage et de la promotion de l’élevage.
• France Bleu Normandie : Que l’on comprenne bien : en 2023, le PMU enregistrait 9,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur les jeux hippiques, 75 % sont distribués aux parieurs, 16 % vont à la branche …Contrairement à d’autres, vous ne vivez pas de subventions, vous ?
•• Pierre Préaud : Ce ne sont pas du tout des jeux d’argent comme les autres. Puisqu’encore une fois, à l’inverse d’autres secteurs, nous sommes une filière associative sans actionnariat privé qui reverse tout à ses acteurs agricoles. Et effectivement, nous avons cette mission de service public qui nous oblige à assumer des charges très élevées. Les charges de financement de l’élevage par les encouragements qui sont versées aux éleveurs entraîneurs, aux propriétaires, les charges d’entretien des écoles et formes d’entraînement également les charges de formation (…)
Et vouloir remonter cette fiscalité en comparaison des autres secteurs de jeu, c’est oublier complètement cette mission de service public qui nous incombe.
• France Bleu Normandie : Mais cette demande, elle n’est pas nouvelle et elle émane aujourd’hui de quatre députés écologistes. Mais elle vous surprend à nouveau ?
•• Pierre Préaud : Chaque année, il peut y avoir, à des degrés divers, des tentatives de remonter la fiscalité, mais jamais dans cette ampleur et jamais à l’initiative du Gouvernement. Et à l’heure où nous nous parlons, nous n’avons pas de la part du Gouvernement un message clair, ferme et définitif sur le fait que ces mesures ne vont pas revenir dans le contexte particulièrement complexe, il faut le souligner, de l’examen du Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale.
• France Bleu Normandie : Donc vous dites aujourd’hui à l’État : il faut suspendre ce projet, sinon vous êtes prêts à aller crier votre colère à Paris ?
•• Pierre Préaud : Complètement. Il faut d’urgence suspendre ce projet. Et aujourd’hui, nos associations socio professionnelles, qui regroupent toutes les acteurs agricoles sont extrêmement mobilisées parce que extrêmement inquiets. Et elles viennent de s’adresser au Premier ministre et l’alerter sur ce risque majeur.
Et elles sont effectivement complètement prêtes à venir manifester dans Paris pour attirer l’attention sur leur sort et sur leur très grande inquiétude.