Jugée insuffisante pour faire baisser le tabagisme par les associations de lutte antitabac, la hausse des prix annoncée dans le Programme national de Lutte contre le Tabac 2023-2027 (voir 28 novembre) semble aussi diviser Bercy et le ministère de la Santé, selon le quotidien économique.
Le Gouvernement ayant déjà décidé en 2022 de faire progresser les prix du tabac en fonction de l’inflation de l’année passée, les spécialistes du secteur s’attendent de toute façon à une hausse des prix du tabac de l’ordre de 40 à 50 centimes au 1er janvier. De quoi pousser déjà le prix de certains paquets à 12 euros.
•• Pour les associations de lutte contre le tabagisme, le ministère de la Santé communique sur une hausse qui est non seulement insuffisante mais déjà largement anticipée. « Ce sera une augmentation mécanique qui suit l’inflation, comme déjà prévu », relève Amélie Eschenbrenner du Comité national contre le Tabagisme.
Elles attendaient des hausses du prix des cigarettes beaucoup plus marquées. « C’est désespérant », lâche Loïc Josseran, le président de l’Alliance contre le Tabac, qui souhaiterait voir le prix du paquet passer à 16 euros en 2027. Avec un prix à « 13 euros en 2027, on va gagner 1,50 euro en quatre ans », s’agace-t-il.
•• Du côté des industriels, les annonces du gouvernement sur la fiscalité ne sont en effet pas lues comme un durcissement de la stratégie fiscale. « Le 12 euros en 2025 devrait déjà avoir lieu, ne serait-ce que grâce à l’inflation de 2024 », assure Romain Laroche, dirigeant du fabricant Seita.
Le son de cloche est le même du côté des buralistes. « On va arriver à 12 euros en 2025, en laissant la fiscalité actuelle agir, même si je ne suis pas prévisionniste ni économiste », assure Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes.
Le ministère de la Santé promet pourtant un tour de vis. « Dans le budget de la Sécurité sociale pour 2025, il y aura une hausse due à l’inflation et une mesure de hausse volontariste pour atteindre un paquet à 12 euros », indique le cabinet d’Aurélien Rousseau.
•• À Bercy pourtant, on ne projette aucune augmentation de la fiscalité en 2024 pour 2025. « D’après nos calculs, on arrivera à 13 euros en 2027 avec l’inflation », explique-t-on au ministère des Comptes publics. « S’il y a un reflux de l’inflation, on verra l’année prochaine. »
Le gouvernement semble écartelé entre la volonté de durcir sa politique antitabac et la crainte qu’elle soit mal acceptée, conclut Les Échos. « Il y a toutes les chances (qu’un durcissement de la fiscalité) soit uniquement compris comme une mesure pour taper sur le pouvoir d’achat », a défendu Aurélien Rousseau, interrogé sur l’opportunité de faire bondir les prix dès l’an prochain.