« Le Petit Kaboul » … Ce point de vente de cigarettes de contrebande et de contrefaçon historique, place de la Chapelle, à Paris (18ème) – l’un des plus gros de la capitale – a toujours été géré par des Afghans (voir aussi 30 septembre 2024).
À peine neuf mois après le démantèlement d’une grosse équipe en septembre 2022 (voir 26 septembre 2022), trois hommes soupçonnés de diriger un réseau « très organisé », selon les policiers, avaient été interpellés.
•• Ces trois Afghans âgés de 26 à 45 ans, sans papiers ou en demande d’asile, sont jugés cette semaine devant la 31ème chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, après un renvoi de plus d’un an, ordonné en septembre 2023.
Selon Le Parisien, c’est sur la base d’un « tuyau » que les enquêteurs du 2ème district de police judiciaire (DPJ) de Paris se mettent sur les traces d’un Afghan de 37 ans à la tête d’un réseau qui se serait « professionnalisé » en se structurant sur le modèle des trafics de stupéfiants. Avec une dizaine de vendeurs, des guetteurs, des ravitailleurs, des collecteurs d’argent et des chefs de point de vente.
Les investigations mettront même au jour les allers-retours vers la Belgique de … go-fast, pour importer les cigarettes contrefaites, « avec un véhicule ouvreur et un véhicule porteur » selon une source proche du dossier (voir 14 avril 2023).
Une fois importée de Belgique, la marchandise était stockée dans neuf box situés aux abords de la place de la Chapelle, dans les 10ème et 18ème arrondissements, mais aussi dans les 12ème et 16ème arrondissements.
•• De quoi alimenter à flux tendu les trois points de vente à la sauvette du « Petit Kaboul ». Les investigations ont montré qu’en chef présumé du réseau, il se serait chargé d’organiser les livraisons auprès des « semi-grossistes » et de superviser les lieux de vente, qu’il arpentait régulièrement.
Sa ligne a été placée sur écoute. Ce qui a permis aux enquêteurs de découvrir que le trentenaire avait prévu de s’envoler vers l’Afghanistan le 20 juin 2023, en compagnie d’un autre homme fort présumé du trafic, un homme de 45 ans, surnommé « Basmati » : il est soupçonné d’avoir joué les rôles de ravitailleur des points de vente et de collecteur des fruits du trafic.
Les deux hommes ont été cueillis le 19 juin 2023, veille de leur départ, dans l’appartement où ils logeaient alors, à Sarcelles (Val-d’Oise). Dans la chambre de « Basmati », 5 000 euros en petites coupures ont été découverts. Près de 1 500 cartouches de cigarettes, principalement des Marlboro et des Winston, ont été saisies dans les différents box. Ce qui représente un préjudice en prix de vente de près de 165 000 euros.
•• Les deux mis en cause déjà connus des services de police pour des faits similaires, ont contesté devant les enquêteurs leur implication dans le trafic. À l’issue de leurs gardes à vue, ils ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris pour trafic et importation de cigarettes de contrebande et de contrefaçon en bande organisée et blanchiment.
Leur coprévenu, un Afghan de 26 ans, est soupçonné d’avoir conduit la voiture qui importait la marchandise depuis la Belgique. Il avait été interpellé ce même 19 juin 2023 près du box du XVIe arrondissement, alors qu’il rentrait le matin même de l’outre-Quiévrain.
L’exploitation de la balise posée sous sa Ford, corroborée par la téléphonie, a mis en évidence plusieurs allers-retours vers la Belgique. En garde à vue, il a minimisé son rôle, se décrivant comme un simple livreur.
•• « Alors que la tendance est toujours à la hausse de la fiscalité sur le tabac, la demande de cigarettes illicites est extrêmement élevée, et leur rentabilité de plus en plus forte, pour des risques pénaux moindres. Ce qui génère des vocations. En quelques années, nous sommes passés de 5 à 90 points de deal à Paris aujourd’hui », épingle Daniel Bruquel, le chef du service prévention du commerce illicite chez Philip Morris France (voir 15 octobre 2024). Photo : Le Parisien