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12 Jan 2024 | Profession
 

En 2023, il s’est écoulé moins de 1,5 milliard de paquets de cigarettes en France (via le réseau légal des buralistes). Un chiffre en baisse de plus de 8 % en volumes par rapport à 2022. Mais, le marché resterait plus ou moins stable en valeur, grâce à la hausse des prix du tabac. Décryptage des Échos (du 11 janvier).

Selon les chiffres publiés ce mercredi par les Douanes, les ventes de cigarettes ont continué de s’éroder sensiblement en 2023 (voir 11 janvier).

•• Ce tassement des ventes n’est pas nouveau. Il accélère cependant, après un ralentissement plus modéré autour de 2020-2021 (quand les confinements forçaient les fumeurs à faire leurs emplettes en bas de chez eux). Les ventes ont diminué de plus d’un quart en cinq ans : en 2018, il se vendait encore plus de 2 milliards de paquets. 

Et ce n’est pas que les fumeurs de cigarettes se soient reportés massivement sur d’autres produits. Les ventes de cigares et cigarillos reculent aussi (-6 %), pour passer sous la barre du milliard d’unités en 2023. Le tabac à rouler, avec 5,7 tonnes écoulées (-10 %), ne prend pas le relais non plus. Seules les ventes des « autres tabac à fumer », comprenant notamment les tabacs pour pipes ou chichas, progressent (+10 %). Mais elles restent marginales (1 tonne en 2023).

•• Est-ce à dire que les industriels du secteur sont en grande difficulté financière ? Ou que les caisses de l’État ne sont plus aussi généreusement alimentées par les fumeurs ? Loin de là. Car si les volumes vendus baissent à vue d’œil, la hausse rapide des prix permet de compenser.

(…) Les recettes fiscales du tabac sont encore loin de s’effondrer. Elles devaient rapporter 13,7 milliards d’euros en 2023, quasiment autant qu’en 2022 (le budget de la Sécurité sociale table sur près de 14 milliards en 2024). Il faut encore y ajouter environ 3,4 milliards d’euros de TVA.

En valeur, le marché français du tabac aurait ainsi légèrement dépassé les 20 milliards d’euros (dont plus de 80 % de taxes) en 2023. Il affiche une stabilité remarquable, au vu de l’effondrement des volumes. En 2018, les ventes de tabac représentaient déjà 19 milliards d’euros. Le pic de 2020-2021, lié au Covid, a permis au marché d’atteindre plus de 21,5 milliards deux ans de suite, avant de revenir à l’étiage en 2022.

•• Mais la grande inquiétude des buralistes – et de certains experts de santé publique – est que la baisse des ventes ne masque en réalité un report sur des cigarettes venant d’ailleurs : qu’il s’agisse de cartouches ramenées légalement depuis des pays frontaliers où les prix sont plus accommodants, ou de paquets de contrebande.

Mesurer la réalité du phénomène est difficile. Mais la consommation de tabac semble loin de baisser dans des proportions similaires à la chute des ventes chez les buralistes.

Selon les dernières données de Santé Publique France, en 2022, plus de trois Français sur dix âgés de 18 à 75 ans fumaient (31,8 %). Ils étaient même un quart à le faire quotidiennement (24,9 %), soit près de 12 millions de personnes. Ces chiffres sont stables depuis 2019.

Les professionnels du tabac en sont convaincus : si les Français fument toujours autant, tout en achetant beaucoup moins de cigarettes, c’est qu’ils s’approvisionnent ailleurs. Les buralistes sont d’autant plus inquiets qu’une récente décision de justice (Conseil d’État, voir 1er et 6 octobre) contraint le Gouvernement à multiplier par quatre les quotas d’importation légaux de tabac depuis l’étranger, d’ici fin mars – ce qui pourrait encore accélérer la baisse des ventes dans l’Hexagone en 2024.