Le Conseil d’État a demandé au Gouvernement de revoir sa copie concernant l’achat de tabac à l’intérieur de l’Europe. Une mauvaise nouvelle pour les buralistes frontaliers des Ardennes interrogés par France 3 Grand Est (voir 1er ,6 et 26 octobre).
« Faites les calculs ! » s’exclame Christophe Biani, président de la fédération des buralistes ardennais, qui ne comprend toujours pas la décision.
•• « Quand vous passez du double au simple en ne faisant qu’une heure de route et que l’on a le droit de ramener 4 cartouches par personne, qu’il y a 5 personnes par voiture, ce sont 20 cartouches qui passent désormais » détaille-t-il, atterré d’avance par les pertes économiques annoncées.
« Ce qu’il faut aussi comprendre c’est que, certes, il y a la Belgique mais nous sommes également, grosso modo, à une heure du Luxembourg » ajoute le président de Fédération. « La casse va être énorme pour les commerces. Il ne faut pas oublier que ce sont des emplois et des entreprises qui sont en jeu et cela va fragiliser très sérieusement notre réseau » s’inquiète par avance Christophe Biani.
•• Chaque jour, de nombreux clients traversent déjà la frontière pour s’approvisionner en tabac et les buralistes qui subsistent côté ardennais résistent tant bien que mal à la fuite de leurs clients pour la concurrence étrangère.
« Je pense que les retombées vont être assez lourdes quand même car beaucoup de gens ne se déplaçaient pas pour une seule cartouche. Mais là, faire une dizaine de kilomètres pour 4 cartouches, ça ne les dérangera plus » analyse un buraliste à Sedan.
En 9 ans et demi d’existence, ce buraliste a vu les pratiques peu à peu glisser. Il a dû se diversifier considérablement pour ne pas avoir à mettre la clef sous la porte. « L’activité tabac ne représente plus beaucoup dans notre chiffre d’affaires. On est autour de 30 % quand même mais cela n’a rien à voir avec il y a 9 ans. Le tabac représentait près de la moitié du chiffre d’affaires » illustre le commerçant.
•• Selon la Fédération des Buralistes ardennais, le département comptait 232 bureaux de tabac en 2003. Aujourd’hui, il en reste 101. « En 20 ans, le nombre de bureaux de tabac dans les Ardennes a été divisée par deux » détaille le président de la Fédération.
La disparition de la moitié des buralistes a laissé le champ libre à ceux qui ont résisté mais pour tenir, les bureaux de tabac doivent se réinventer au quotidien près de la frontière.
« La division du nombre de tabac a permis de donner une bouffée d’oxygène aux buralistes restants. Et, pour ceux qui tiennent, déjà fragilisés, ils tiennent parce qu’ils sont implantés sur des axes passants mais aussi parce qu’ils se sont diversifiés. Mais il faut que l’État nous accompagne, vienne nous soutenir et nous permette de pouvoir opérer notre mutation et notre diversification » demande Christope Biani.