Entre la baisse du marché des cigarettes en 2023 et une nouvelle hausse des prix attendue ce jeudi, les buralistes misent plus que jamais sur la diversification sans abandonner leur cheval de bataille, la lutte contre le marché parallèle.
C’est ainsi que débute un communiqué AFP, signé Séverine Rouby, que nous reprenons.
•• Les fabricants de cigarettes, qui peuvent réviser leurs prix plusieurs fois par an, devraient s’aligner jeudi sur les tarifs appliqués depuis le 1er janvier par Philip Morris, qui avait augmenté plus que ses concurrents le prix de ses paquets de cigarettes, selon le président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy (voir 17 janvier).
« Notre réseau le vit très mal », déplore-t-il auprès de l’AFP, s’attendant à des hausses de « 20 à 40 centimes ». Le représentant des buralistes juge que ces hausses de prix nourrissent le marché parallèle car « la prévalence du tabagisme en France n’a pratiquement pas diminué, sauf chez les jeunes » fait-il valoir, citant Santé Publique France.
En 2023, le marché du tabac a baissé de 1,1 % en valeur et de 7,9 % en volume. « Pour nous, c’est un constat amer. Si nous perdons notre flux de clientèle, nous pouvons être en danger », alerte-t-il, demandant « un moratoire fiscal sur les prix du tabac », les taxes étant l’autre levier de la hausse des prix.
•• Soulignant qu’au sein de l’Union européenne, seule l’Irlande est plus chère que la France pour les cigarettes, il mise sur les élections européennes de juin pour « sensibiliser » les parlementaires aux différences de prix entre pays et à l’idée de les harmoniser. Il cherche aussi à faire revoir la réglementation européenne en matière d’importation du tabac, qui autorise actuellement jusqu’à quatre cartouches de cigarettes par personne.
Le Conseil d’État avait enjoint en septembre le gouvernement à prendre « dans un délai de six mois » un décret pour mettre en conformité avec le droit européen la législation française, selon laquelle les particuliers majeurs ne peuvent rapporter d’un autre État de l’UE qu’une seule cartouche de cigarettes (voir 1er et 6 octobre 2023).
« Le décret devrait être publié dès que nous aurons notre nouveau ministre de tutelle », le ministre des Comptes publics, croit savoir Philippe Coy. Mais le représentant des buralistes a « bon espoir que la quantité passe à une cartouche au niveau européen » avec plusieurs directives en cours de révision et « un consensus parmi les buralistes européens ».
Sur le tabac de contrebande, le buraliste, qui salue « la mobilisation des Douanes », pointe le développement d‘usines de tabac clandestines en Espagne, en Belgique et en France, fruit selon lui du « conflit en Ukraine, qui abritait jusqu’à présent cette industrie illégale ».
•• Pour maintenir leurs revenus, les buralistes réclament aussi l’encadrement juridique des produits de nicotine dont ils souhaiteraient récupérer le marché. « La Puff a déstructuré la filière vape, c’est à cause d’un manque de régulation », estime-t-il en référence à ces cigarettes électroniques jetables que la France souhaite interdire. « Je suis un commerçant. La vape est un produit avec des marges plus importantes que la cigarette. On l’a loupé à ses débuts, aujourd’hui on essaie de récupérer des parts de marché », explique-t-il, indiquant que le réseau des buralistes détient un tiers du marché français.
Au 1er janvier, il y avait 22 886 buralistes en France, soit 215 points de vente en moins en deux ans, selon les données de la Confédération. « Le réseau est résilient, notre plan de transformation a porté ses fruits », se félicite Philippe Coy.
Services postaux, compte en banque avec Nickel, paiement de factures, d’amendes ou d’impôts, vente de billets de train, retrait de liquide, et bientôt possibilité de régler les péages dématérialisés des autoroutes A13-A14 sans oublier la vente de munitions … Les buralistes ont multiplié les sources alternatives de revenus ces dernières années.
Dernière en date, la vente de munitions, autorisée depuis le 1er janvier, sera expérimentée début février avant d’être déployée dans le reste du pays au deuxième semestre. « Ce sont des pouillèmes de rémunération mais cela nous permet de rétablir un flux de clientèle », essentiel à la vie des commerces, conclut Philippe Coy.