Le magazine dominical de TF1 « Sept à Huit », présenté par Audrey Crespo-Mara et Harry Roselmack, est une émission très populaire. Son audience se situe entre 2 et 3,5 millions de téléspectateurs selon les semaines.
Ce 10 septembre, « Sept à Huit » a consacré un reportage passionnant de 18 minutes sur l’un des trafics les plus répandus en France aujourd’hui : celui des cigarettes.
Il peut être visionné en replay mais nous vous en donnons un aperçu. Ses témoignages sont édifiants sur ce qui se passe en banlieue parisienne. Direction La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
•• C’est comme un commerçant de proximité avec sa clientèle d’habitués. Il a 30 ans, il est vendeur de cigarettes à la sauvette 7 jours sur 7 depuis trois ans. 5 euros le paquet.
Comme une vingtaine d’autres, il opère à la vue de tous à un carrefour de La Courneuve entre station de métro et arrêt de tramway : 40 000 personnes par jour y transitent. Même si les clients peuvent être verbalisés (depuis 2019), ils s’en moquent au micro des journalistes.
Le revendeur achète le paquet 3 euros au marché noir et se fait un bénéfice de 2 euros sur chaque vente.
•• Le délit de vente à la sauvette est puni de 6 mois de prison et 3 000 euros d’amende. Les policiers ne les laissent pas tranquilles : « on est toujours sur le qui-vive ». Il n’a jamais été condamné … dans ce département où les tribunaux sont surchargés par des délits plus graves, le trafic de tabac n’est pas une priorité. Ce qu’il redoute le plus, c’est qu’on lui confisque sa marchandise.
Il est arrivé en France il y a trois ans et partage un deux-pièces avec six autres clandestins venus du Maghreb. Sans papiers, ils vivent tous de petits boulots. Père de famille (sa femme et son fils vivent dans le sud de la France), il parvient aux besoins de sa famille avec le trafic de cigarettes.
Il revend des cigarettes en provenance du « marché légal » d’Algérie (« le must ») mais en majorité des cigarettes de contrefaçon venues de Chine ou des Pays de l’Est, selon lui.
•• Un autre revendeur conduit l’équipe de tournage sur son lieu d’approvisionnement.
Des fournisseurs sénégalais se massent sur le parvis d’une commune à proximité, identifiables à leur sac à dos. Ici, on vend la marchandise par cartouche. Le revendeur n’en achète jamais plus de six : c’est plus discret et plus prudent en cas de saisie.
Ces fournisseurs restent évasifs sur leur approvisionnement.
•• L’an dernier plus de 700 000 cartouches ont été saisies en Seine-Saint-Denis (voir 21 et 30 juillet 2023). Un business qui crée des tensions. Gare à celui qui ne respecte pas les tarifs. D’autres revendent des stupéfiants comme cet anti-épileptique très puissant qu’ils peuvent consommer : ce qui les rend très violents.
Mot de la fin au maire de La Courneuve, Gilles Poux, au pied d’une grande affiche « la cigarette de contrebande tue le quartier » : « s’il y a des vendeurs, il y a des acheteurs. Il fallait bien mobiliser la population » (voir 23 février 2022).