Sur ordre de la préfecture de police de Paris, des centaines d’établissements ont l’obligation de fermer leurs terrasses pour le bon déroulement des Jeux olympiques (voir 18 et 23 juillet). Selon Le Figaro, les restaurateurs déplorent de n’avoir été informés au cas par cas qu’en fin de semaine dernière, au dernier moment, par un courrier de notification.
« Je suis le premier à dire qu’il faut arrêter le JO bashing et je me réjouis que ces Jeux se passent à Paris. Mais imposer la fermeture de centaines de terrasses à quelques jours du début des compétitions, c’est brutal », lance Stéphane Manigold, propriétaire de onze restaurants à Paris (Maison Rostand, Substance, Bistrot Flaubert…) et président de l’Umih Grand Paris.
•• Mi-mars, la mairie de Paris avait annoncé que les terrasses estivales (éphémères) pourraient accueillir des clients jusqu’à minuit, contre 22 heures habituellement. « Nous étions restés sur cette bonne nouvelle » poursuit Stéphane Manigold.
« Pourquoi attendre la toute dernière minute pour prévenir qu’il faut en fermer des centaines ? Je m’efforce de voir le positif dans cette phase préparatoire. Mais on aurait espéré une meilleure coordination entre le Cojo, la mairie, la préfecture et nous. »
Sur son site internet, la Préfecture de Police de Paris indique clairement qu’elle impose des restrictions à l’installation et l’exploitation d’une partie des terrasses et étalages de Paris sur certaines voies, pendant les JO : « les terrasses et étalages, les travaux immobiliers, de voirie et de réseaux, ainsi que les marchés découverts identifiés comme présentant, en raison de leur localisation, une gêne pour la bonne circulation des piétons ou des véhicules ou un risque pour leur sécurité, ne pourront ni être mis en place, ni maintenus. »
La préfecture de police quantifie aussi ces restrictions : 6 % des terrasses parisiennes font l’objet de restrictions pendant les JO et 4 % des terrasses disposant de planchers sont concernées par un retrait du plancher. Certains restaurateurs sont privés de leurs terrasses pendant toute la période des Jeux olympiques. D’autres, certains jours seulement, en fonction du déroulement des compétitions.
•• Mais tous n’en ont été informés au cas par cas qu’en fin de semaine dernière, par un courrier de notification. C’est le cas de la propriétaire d’un restaurant avenue Rapp (VIIème arrondissement de la capitale). Le 20 juillet par mail (recommandé), elle a reçu l’obligation de démonter sa terrasse au plus tard le 22 juillet.
« Certains restaurateurs de l’avenue ont été prévenus deux jours plus tôt » raconte-t-elle. « Comme je n’avais rien reçu, j’ai d’abord cru que je n’étais pas concernée. Ma terrasse, comme celle de tous les restaurants de l’avenue, est dans une contre-allée. Elle ne gêne pas le passage. Je ne comprends pas. »
Elle demande à être intégralement remboursée du droit de terrasse d’environ 1 800 euros qu’elle a payé cette année. « On nous explique qu’on pourra réinstaller nos terrasses entre le 12 et le 24 août, pour les redémonter ensuite, précise-t-elle. Une terrasse, ce n’est pas un Lego ! ». Elle attendra le 12 septembre et la fin des Jeux paralympiques pour la remonter.
« Depuis plusieurs semaines, nous savons que certaines terrasses sont menacées de suspension pendant les JO. Mais les restaurateurs étaient invités à consulter une cartographie sur le site internet de la préfecture, qui est complexe » raconte Pascal Mousset, président du Groupement des Hôtelleries et Restaurations de France (GHR) Paris Île-de-France. « Ce n’est qu’à la réception d’un courrier du préfet qu’ils ont pris la mesure de ce qui est imposé. Pourquoi ne pas leur avoir écrit plus tôt sachant que des artères entières sont concernées ? »
•• La clientèle manquant déjà au rendez-vous, c’est le coup de massue. Le GHR chiffre à 30 % la chute d’activité des restaurateurs parisiens depuis la mise en place des QR code le 18 juillet, avec des plus bas pouvant aller jusqu’à -80 % dans les zones d’accès limités.
« De nombreux restaurateurs parisiens commencent à très sérieusement regretter de ne pas être partis en vacances » déclare Franck Trouet, délégué général du Groupement des hôtelleries et restaurations de France. « Travailler à Paris en ce moment devient impossible. On nous avait promis du pragmatisme. En définitive, nous subissons des mesures autoritaires, qui nous laissent démunis. »
« Sur les réseaux, les gens parlent de JOvid. C’est tout à fait ça ! » lance la restauratrice de l’avenue Rapp. « Mon établissement est entouré de zones grises mais se trouve dans une zone rouge. Les touristes ont du mal à se procurer un QR code. 90 % des réservations ne se présentent pas. Je suis en colère contre des mesures qui n’ont pas été assez réfléchies, et dont les conséquences économiques sont catastrophiques. »