Oneshot Media (voir 3 juillet) évoque cette volonté de la Commission européenne de généraliser les espaces extérieurs non-fumeurs et non-vapoteurs (voir 18 septembre). Nous revenons sur leur analyse.
Dans le cadre du Plan européen contre le Cancer, qui vise le même objectif que celui concernant la « génération sans tabac », c’est-à-dire réduire au maximum le tabagisme d’ici les prochaines années, l’organe exécutif de l’Union européenne en appellerait en effet à renforcer les mesures contre la cigarette, et surtout, contre le tabagisme passif.
Pour ce faire, recommande-t-il, l’Europe doit sans attendre élargir la liste des lieux d’interdiction concernés, mais également y inclure d’autres produits alternatifs, comme les dispositifs de cigarette électronique. Qu’importe, apparemment, que ces derniers ne soient pas directement concernés, puisque ne fonctionnent pas par combustion, et donc, ne délivrent aucune fumée. Qu’importe également, comme le souligne le document de la Commission, “qu’ils contiennent de la nicotine ou non”…
•• Quels sont les lieux concernés ?
À l’heure actuelle, en France par exemple, seuls certains lieux sont concernés par une interdiction de vapoter. C’est le cas des lieux collectifs de travail sans accueil du public, des Centres de Formation des Apprentis (CFA), des établissements d’enseignement publics ou privés et de tous ceux destinés à accueillir des mineurs. Ailleurs (établissements de santé, restaurants, cafés, parcs, …), l’interdiction n’est pas une obligation, mais dépend du responsable des lieux – qui, bien souvent, l’applique également.
C’est à cela que la Commission européenne souhaiterait désormais remédier, en poussant l’interdiction jusqu’aux terrasses des restaurants, des bars et des cafés, jusqu’aux arrêts de bus et même jusqu’aux espaces extérieurs liés aux lieux de travail ou encore aux établissements collectifs et de santé (abords d’hôpitaux, de maisons de retraite, terrains de jeux, zoos, …).
•• Quelles conséquences ?
Si une telle interdiction venait à être approuvée par l’Union européenne, le tabagisme se ferait effectivement de plus en plus rare dans les lieux publics. Mais cela ne veut pas forcément dire qu’il n’existerait plus. Ce faisant, l’Europe se risquerait surtout à déplacer le problème d’une sphère à l’autre : de l’extérieur au domicile. Renforçant de fait et paradoxalement la dangerosité du tabagisme passif, qui se passera alors à l’abri des regards et de la loi.
Car il ne faudrait pas l’oublier : lorsque l’on parle d’addiction, l’interdiction a effectivement ses limites. D’autant plus lorsque l’on ne fait plus la différence entre le problème (la combustion) et ses solutions (tout produit sans combustion).
Aussi, si l’Europe valide l’interdiction, et l’applique même aux produits alternatifs nicotinés sans combustion, le résultat ne pourrait être que pire encore. En excluant seulement le tabagisme, elle aurait potentiellement permis aux fumeurs de trouver une motivation de plus à s’essayer à ces méthodes sans fumée, tout en protégeant les non-fumeurs des risques du tabagisme passif.
En revanche, en envisageant d’inclure tout produit alternatif à la nicotine, dont le vapotage, l’Europe ne fait que confirmer son incapacité à comprendre et à entendre les véritables enjeux de la lutte antitabagique mondiale.
Elle joue le jeu de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de la désinformation plutôt que de s’appuyer sur les recommandations de la Science, des professionnels de terrain et des anciens fumeurs eux-mêmes, qui témoignent tous de l’importance de privilégier la prévention et la réduction des risques, en apportant soutien et reconnaissance à ces produits alternatifs sans fumée !