On ne parle pas du paquet neutre, là-bas …
Alors que le débat sur la mise en place éventuelle de photos-choc est toujours en cours aux États-Unis, une étude de l’université de l’Illinois – publiée sur le site Pourquoi Docteur – vient confirmer l’effet « boomerang » des images-choc (voir Lmdt des 14 octobre et 29 septembre 2014) : ce n’est pas le résultat attendu qui apparaît.
Les 435 « sujets » de l’étude, âgés de 18 à 25 ans, fumeurs et non-fumeurs, devaient remplir un questionnaire de personnalité et décrire leur réaction à la vue de paquets de cigarettes, certains arborant seulement l’avertissement écrit habituel, d’autres l’avertissement accompagné d’une photo-choc.
Résultat : « Qu’ils soient fumeurs ou non, la plupart des gens n’aiment pas ces avertissements », explique Nicole Lavoie, doctorante en communication et responsable de l’étude, « cela les agace, ils se sentent manipulés. Finalement, ils estiment que la source – le gouvernement, qui impose les avertissements – profite d’une position dominante, et se mêle de leurs affaires ».
L’étude a en particulier montré que les avertissements pouvaient être contre-productifs chez les personnes avec une tendance à la « réactance psychologique ». Explication : lorsqu’elles sentent leur liberté limitée, notamment par un appel à la peur, ces personnes ont tendance à adopter une attitude opposée à ce qui leur est suggéré.
Et les résultats montrent que, justement, les fumeurs seraient plus sujets à la « réactance » que les non-fumeurs. La mesure pourrait alors avoir des effets contre-productifs sur « une population qui aurait le plus besoin d’aide s’ils combattent leur addiction au tabagisme », ajoute Nicole Lavoie.
Rappelons qu’aux États-Unis la prévalence tabagique (fumeurs réguliers) n’a pas attendu la mesure des photos-choc pour continuer à baisser : 17,8 % en 2013, 16,8 % en 2014 (voir Lmdt du 28 novembre 2015).