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21 Jan 2023 | Pression normative
 

Depuis son lancement en France en 2020, le Dry January gagne en popularité.

Les associations qui promeuvent ce mois sans alcool regrettent cependant le manque de soutien de l’État, qui permettrait selon elles de sensibiliser plus efficacement aux dangers de l’alcool.

C’est ainsi que débute une dépêche AFP, signée Clémence Blanche, que nous reprenons (voir 9 et 11 janvier). L’objectif du « Défi de janvier » (équivalent français du Dry January anglo-saxon) est simple : ne pas boire une goutte d’alcool pendant les 31 premiers jours de l’année.

L’occasion de faire un point sur sa consommation dans un pays où, en 2021, selon des données de l’Inserm, environ un quart des adultes dépassaient les repères préconisés, à savoir maximum deux verres par jour et pas tous les jours.

•• De 9 millions de participants en 2020 selon Opinionway, le concept aurait conquis … environ 24 millions de Français l’année dernière, d’après une enquête BVA pour La Ligue contre le cancer.

Et la tendance semble se poursuivre. « On n’a jamais été autant sollicité que cette année », affirme à l’AFP Bernard Basset, médecin et président d’Addictions France dont le téléphone n’en finit plus de sonner. En plus des villes partenaires, mutuelles, hôpitaux et médecins du travail le contactent régulièrement pour mettre en place le défi au sein de leurs établissements.

L’association leur propose aussi bien des posters à afficher dans les bureaux que des webinaires de sensibilisation aux dangers de l’alcool à destination des employés. « Le Dry January fonctionne très bien sans l’État : l’année dernière, 35 % des Français ont participé au défi », déclare à l’AFP le professeur Mickael Naassila, président de la Société française d’alcoologie, qui fait partie comme Addictions France de la cinquantaine d’organisations à l’initiative du Défi de janvier.

•• Les associations organisatrices aimeraient néanmoins pouvoir compter sur un meilleur soutien des pouvoirs publics. « Les autres pays qui participent au Dry January font des enquêtes, tandis que nous n’avons pas les moyens de produire des évaluations exhaustives de notre campagne, alors que cela serait utile pour savoir ce qu’on doit améliorer », regrette le professeur Naassila.

Avec l’aide de Santé publique France, illustre Bernard Basset, les associations pourraient adapter l’application britannique Try Dry, qui conseille et motive chaque jour les participants. « On pourrait rendre l’application plus accessible avec une coloration française », les habitudes de consommation étant différentes dans les deux pays, explique-t-il.

« On peut dire que la France est un pays de table, mais il y a une question de santé derrière. Ca aurait été mieux que l’État soutienne (le Dry January). Puisqu’on fait le Mois sans tabac, pourquoi pas l’alcool ? », s’interrogeait déjà un participant en 2020 dans un rapport consultable sur le site de… Santé publique France.

•• L’agence avait pourtant pour projet de parrainer le défi dès son lancement, il y a quatre ans, au même titre que le Mois sans tabac. Mais Emmanuel Macron avait coupé court à l’initiative, recevant alors des critiques sur sa proximité avec les lobbies alcooliers, unis contre une campagne jugée hygiéniste. 

Santé publique France a toutefois lancé sur les réseaux sociaux, à la télévision et au cinéma une campagne le 9 janvier, intitulée « La bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool ».

L’objectif est de débanaliser la consommation d’alcool, qui multiplie les risques de cancers, d’AVC et de troubles du rythme cardiaque, même à faible dose. Une campagne « bienvenue » et « parfaitement cohérente », ont salué les organisateurs du Dry January.

Première cause d’hospitalisation en France selon un rapport de l’Observatoire français des Drogues et des Tendances addictives de 2022, cet enjeu de santé publique a aussi un coût social élevé pour l’assurance maladie, évalué à 118 milliards d’euros en 2010 par le gouvernement.

Même si Santé publique France a soutenu timidement le Dry January en encourageant « chacun à participer à ce défi », les associations savent qu’un partenariat n’est pas dans les cartons. « On espère toujours une alliance avec les pouvoirs publics, mais on ne compte pas dessus » se résigne Bernard Basset.