Le trafic de cigarettes reste préoccupant dans le Grand-Est, souligne France 3 Grand Est. En 2024, la Douane a saisi plus de 45 tonnes de tabac de contrebande dans la région. Un nouveau record.
Si le trafic est élevé sur le territoire, il s’explique en partie par la proximité de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle avec la Belgique et le Luxembourg. En Moselle, 21,6 tonnes de tabacs de contrebande ont d’ailleurs été saisies en 2024 pour une valeur marchande estimée à 5,8 millions d’euros, d’après les chiffres de la Douane. En Meurthe-et-Moselle, 4,4 tonnes de tabacs ont été interceptées l’an dernier.
« On note entre l’année 2023 et l’année 2024 une certaine stabilisation mais qui se maintient à un haut niveau », précise Philippe Marnat, le Directeur régional des Douanes et des Droits indirects du Grand Est.
•• La Douane remarque pourtant une différence significative entre les trafics de cigarettes à la frontière luxembourgeoise et à la frontière belge.
« Au Luxembourg, c’est du tabac authentique. Ce sont des cigarettes qui proviennent des vraies marques. Les vendeurs autorisés se sur-approvisionnent au profit des acheteurs francais. Les personnes interpellées sont des gens qui prennent des commandes dans un cercle restreint comme les amis, le travail ou la famille et qui, moyennant des commissions, vont chercher du tabac au Luxembourg », explique Philippe Marnat.
En ce qui concerne la Belgique, où le prix du paquet de cigarettes est fixé à 11,50 euros, bien souvent le tabac de contrebande ne provient pas des marques authentiques : « On trouve plutôt du tabac de contrefaçon. C’est du tabac qui est vendu sous des marques comme Marlboro mais qui est produit dans des ateliers illicites. Dans ce cas, les usines sont surtout tenues par des filières roumaines, moldaves ou ukrainiennes et ce sont soit des fourgons, soit des poids lourds qui font la navette », ajoute le Directeur régional.
Alors pour tenter d’échapper aux forces de l’ordre, les filières se réorganisent. « On remarque depuis quelques années que des usines illicites de tabac s’installent en France », souligne Philippe Marnat.
•• Un trafic qui se réinvente et qui impacte toujours autant les buralistes. « On est passé de 5 % de trafic de contrebande et de réseaux parallèles à 30 % en 20 ans », s’alarme Antoine Palumbo, président de la fédération des buralistes de Moselle (voir 24 février).
Un phénomène qui met en difficulté le secteur : « on est dans les 14 à 15 % de chute de chiffre de vente en volume depuis le début de l’année », ajoute-t-il. Alors pour tenter d’enrayer le phénomène, les buralistes de la région demandent davantage de moyens à l’État : « on veut que les contrôles soient renforcés. On souhaite également un renforcement des sanctions », souligne Antoine Palumbo.
Un propos partagé par son confrère, Hervé Garnier, président de la fédération des buralistes de Meurthe-et-Moselle (voir 24 février) : « on demande qu’on minimise la différence de prix entre les pays européens et que les narcotrafiquants et les trafiquants de cigarettes soient impactés au même niveau dans les décisions de justice ».




