Président de la fédération des buralistes de Meurthe-et-Moselle et vice-président de la Confédération nationale, Hervé Garnier (voir 25 mars 2024 ) ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit d’évoquer l’avenir de la profession. Rencontre avec Le Républicain Lorrain.
• Républicain Lorrain : Beaucoup de buralistes expriment leur désarroi face aux difficultés actuelles de leur métier. Quel est votre point de vue ?
•• Hervé Garnier : La situation est catastrophique. Et ce n’est pas propre à la Meurthe-et-Moselle. Toutes les zones frontalières souffrent du fait de la hausse du prix du tabac en France. Le coût du paquet augmente, mais cela n’empêche pas les gens de continuer à fumer. La preuve, les affaires de trafic de tabac sont de plus en plus nombreuses. À côté de cela, au niveau départemental, nous sommes passés de 350 bureaux de tabac en 2000 à 171 aujourd’hui.
• Républicain Lorrain : Ce qui explique peut-être que certains buralistes désireux de passer à autre chose aient du mal à revendre leur affaire ?
•• Hervé Garnier : Évidemment. En zone frontalière, à cette heure, c’est quasiment invendable. Qui va vouloir racheter un bureau de tabac en sachant qu’il va se faire matraquer par la concurrence liée aux tarifs exercés au Grand-Duché de Luxembourg par exemple ?
Ce à quoi il faut ajouter la contrebande, la contrefaçon. Aujourd’hui, ce n’est plus un secret pour personne, on peut acheter des cigarettes chez le barbier, dans les épiceries, etc. Certains, même, ne se gênent plus pour essayer de vendre leurs cigarettes sur le trottoir, devant les bureaux de tabac.
• Républicain Lorrain : Le tableau que vous dressez n’est pas vraiment de nature à inciter à l’optimisme pour la profession …
•• Hervé Garnier : Exactement. J’espère que les collègues tiendront le choc, mais il faut s’attendre à une vague de fermetures en 2026. La profession en a ras le bol. Tout ce que l’on peut observer aujourd’hui est la preuve de l’échec de la politique de santé publique menée depuis plusieurs années. Les élus (politiques) ne veulent pas voir les dégâts que cela provoque, la mise en péril de la société, d’emplois, mais aussi la fragilisation de vie des personnes qui sont investies dans leur métier depuis des années. Plus personne ne veut prendre le problème à bras-le-corps.




