Les cinq interpellés lors du démantèlement de l’usine clandestine près de Toulouse (voir 20 et 21 décembre) ont tous comparu, ce 20 décembre, devant la justice.
•• Ils viennent d’Azerbaïdjan, du Kazakhstan ou encore d’Ukraine. Trois d’entre eux ne parlent pas français. Dans le box, les accusés ont du mal à rester silencieux. Ils se parlent, se regardent du coin de l’œil, interrogatifs … La Procureure de la République leur ordonne de se taire. « On voit bien qu’il y a des pressions, entre eux », déclare-t-elle, selon France 3 Occitanie.
À noter que Philip Morris France est partie civile pour « le préjudice » que cette activité illicite lui porte.
Finalement, sur la demande des cinq prévenus, l’audience est reportée au 30 janvier prochain. Ils ont tous été placés en détention provisoire. Les avocats de la défense le confirment : le dossier est trop lourd, il faut se préparer.
•• Commentaire de Daniel Bruquel, chef du service de prévention du commerce illicite pour Philip Morris France (voir 5 septembre et 30 juin) : « le mode opératoire est le même que pour les stupéfiants. Tout est structuré, organisé, le processus est discret. La rentabilité est équivalente à celle des stupéfiants, sauf qu’en plus, les criminels risquent moins. On parle généralement de 10 années de prison pour trafic de drogue, et seulement de 3 pour trafic de cigarette.
À Toulouse, 12 % de la consommation de cigarettes concerne la contrefaçon. Si on englobe les autres marchés illégaux, comme les cigarettes de contrebandes qui viennent d’Andorre, le chiffre monte à 30 %. 30 % du tabac qui ne vient donc pas de chez les buralistes. »
•• Commentaire de Thierry Arnaudin, président des buralistes d’Occitanie : « pour nous, c’est une double peine. Entre les trafics de cartouches qui viennent d’Espagne et d’Andorre, et les cigarettes de contrefaçon, on a perdu 12 % de nos volumes de livraison. On essaye de se diversifier pour développer nos commerces, mais on n’arrive pas à faire comprendre à l’État que la hausse du prix du tabac nous impacte trop. Il y a trop d’écart entre les pays européens. » Il avoue son inquiétude pour les petits buralistes en zone rurale : « il suffit qu’un jeune du village vende des cigarettes clandestines, et toute l’activité du buraliste s’écroule ».