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14 Juin 2014 | Observatoire, Profession
 

TabacUne pleine page d’histoire dans le cahier « Eco & Entreprise » du Monde, daté de ce 14 juin. Celle de l’herbe à Nicot en France, dressée par Jacques-Marie Vaslin, maître de conférence à l’Institut d’Administration des Entreprises d’Amiens. Une excellente synthèse de six siècles d’histoire comportementale, fiscale, agricole, industrielle … et culturelle. Extraits.

• La traînée de poudre
« L’homme a toujours fumé » … Chanvre, coquelicots, pavot, laitue, jusqu’à ce que Christophe Colomb ramène des graines de tabac dans ses bagages, en 1520. « Une fois au Portugal, le tabac est cultivé et sert d’herbe médicinale. En 1561, Jean Nicot, ambassadeur de France au Portugal, envoie du tabac râpé à Catherine de Médicis » qu’elle utilise, par prises, pour soulager migraine et autres maux. Pendant que le tabac atteint toute l’Europe, puis la Turquie, la Chine et le Japon, son usage se « répand comme une traînée de poudre à la cour … » (Paris deviendra la capitale de l’art de la tabatière, au siècle des Lumières).

• L’une des plus belles inventions fiscales
Face à cette mode, les ministres des Finances vont vite voir dans le tabac une source de revenus pour l’Etat : en 1629, Richelieu instaure un impôt sur le tabac brésilien, premier de la liste qui ne cessera de s’allonger ; en 1674, Colbert établit un monopole d’importation, de fabrication et de vente. Le revenu de cet impôt passe, entre 1680 et 1720, de 500 000 à 4,2 millions de livres … Ce qui fera dire au ministre des Finances Necker que le tabac est « l’une des plus belles inventions fiscales ».

Job-cigarettes• Napoléon III, promoteur de la cigarette
La cigarette fait son apparition en 1830, sous forme d’un « petit cigare » entouré d’une feuille de maïs. Huit ans plus tard, c’est au tour du papier à cigarette, développé plus tard sous la marque Job. Une ordonnance royale de 1843 autorise « l’administration des tabacs » à fabriquer des cigarettes. C’est le tournant industriel. Napoléon III, fumeur invétéré, participe à la popularité du produit en s’exhibant souvent avec une cigarette à la bouche. Les premières marques arrivent en 1872. A la fin du 19ème siècle, elles seront, déjà, 250 référencées en France.

• Apogée et pression sanitaire
Durant l’expansion démographique des « Trente Glorieuses », la consommation annuelle de tabac passe de 62 à 102 tonnes. Le tabac rapporte, en toute sécurité, de 4 à 5% des recettes fiscales totales, auxquelles s’ajoutent les dividendes de la Seita.
Mais les goûts changent : la part des brunes « idéalisant le goût français » dégringole de 90 à 5% de la consommation au profit des blondes. Et la prise de conscience des exigences de la santé publique s’intensifie : loi Veil, en 1976, puis la loi Evin de 1991.

Cigarettes• Décroissance avérée
En 1950, la France comptait vingt manufactures employant 8 500 personnes et 100 000 personnes travaillaient à la culture des feuilles. Aujourd’hui, l’industrie, proprement dite, qui a, encore récemment, employé plus que 1 150 personnes (avant fermeture de Seita Nantes et Bergerac) ne comptera plus que l’usine de Riom. Sur les dix dernières années, le nombre de cigarettes vendues a été divisé par deux. On aura changé d’histoire.