Épisode 16 de notre revue de presse quotidienne des buralistes dans la presse régionale (voir 2 et 1er avril, 31 et 30 mars).
•• « J’ai connu des hauts et des bas, mais là c’est vraiment spécial » témoigne Sandrine, la buraliste de Gouzeaucourt, un village du Nord. « J’ai à la fois le sentiment d’avoir de la chance, de continuer à pouvoir travailler, à faire rentrer un peu d’argent, et en même temps ça me fait peur ».
C’est aussi pour ça qu’elle se protège. D’où une bâche en plastique transparente devant son comptoir avant de « passer au plexi, si ça dure ». « C’est fou, la fermeture de la frontière (pourtant à 1 h 15 de là en voiture) fait venir ou revenir un tas de clients » constate-t-elle en voyant ses ventes de tabac exploser, « ça ne compense pas la perte de l’activité bar, mais ça nous fait travailler ».
• Un collègue à Tourcoing a aussi assisté au retour « des réfugiés du tabac », comme il les appelle. Ici aussi, les ventes de tabac explosent : « pour une clientèle pressée, stressée, pas toujours facile » qui doit ici payer son tabac bien plus cher qu’au-delà de la frontière.
« La clientèle qui a disparu, c’est celle des jeux. Sinon on fait encore de la presse, des timbres – surtout depuis que La Poste a fermé –, la cabine photo d’identité tourne aussi. (…) On a une responsabilité. C’est un privilège de rester ouvert, mais c’est aussi un combat. Clairement on ne pourrait pas tenir six mois comme ça … »
•• « On revoit des clients que l’on n’avait pas vus depuis Mathusalem » observe Christophe Biani, patron d’un tabac-presse à Donchery (à 15 kilomètres de Charleville-Mézières, Ardennes) et président des buralistes du département. « Après le confinement, nous allons pouvoir comparer nos ventes de tabac, avant et après le confinement, et savoir combien de clients sont partis s’approvisionner dans les pays transfrontaliers » explique-t-il.
• « Avec la fermeture des frontières, on travaille très bien » déclare un couple de buralistes à Sedan, « on est obligé d’aller à Reims pour se réapprovisionner en tabac ».
• Une consœur (photo) a repassé une commande de tabac en début de semaine. « Nous devrions être livrés jeudi » explique-t-elle à ses clients. En attendant de recevoir la marchandise, « on rationne »
• Mais cette hausse des ventes ne suffit pas à compenser la baisse générale du chiffre d’affaires : « pour ma part, malgré une hausse de 30 % des ventes de tabac, j’enregistre une perte de 50 % de mon activité » précise Christophe Biani. « On ne fait que 20 à 30 % de notre chiffre d’affaires Jeux alors que les jeux à gratter représentent, habituellement, la part la plus importante de nos recettes » complète sa collègue sedanaise (L’Ardennais).
•• Le patron d’un bar-tabac de Reims (Marne) a mis à la disposition de la municipalité 2 000 masques arrivant directement de Chine.
« On les attendait depuis longtemps, ils sont enfin arrivés. On a de la famille là-bas qui travaille dans une usine qui fabrique des masques. On leur avait demandé, on voulait se montrer solidaires ». Les masques ont été récupérés par la mairie ce jeudi, avant d’être distribués à celles et ceux qui en ont le plus besoin (L’Union).
•• « On est quand même en train de perdre pas mal » résument deux patrons de bar-tabac à Saint-Quentin (Aisne). « On continue à vendre du tabac. Les gens ont besoin de leurs cigarettes et on voit aussi ceux qui ne peuvent plus effectuer leur achat en Belgique notamment. En moyenne, on n’est pas en baisse » indique l’un.
« Moi, je ressens une baisse. Et c’est encore plus marqué pour les jeux de la FDJ. C’est assez logique car il y a moins de passages en ville. Je vois un client tous les quarts d’heure … » signale le second (L’Aisne).
•• Pour limiter leurs déplacements, certains utilisent le principe de la commande groupée auprès des buralistes. Comme à Chauvigny (à 25 kilomètres de Poitiers, Vienne). « Ils sont de plus en plus nombreux à me téléphoner pour commander leurs produits, très souvent en commandes groupées qui sont ensuite récupérées par une seule personne » témoigne une buraliste (La Nouvelle République).
•• « Le chiffre d’affaires est stable, mais il faut s’adapter au changement des habitudes de consommation des clients. Ils font des achats groupés pour éviter de trop sortir, et aussi pour les personnes âgées de leur secteur » constate le buraliste d’un tabac-presse de Plateau d’Hauteville (à 30 kilomètres au sud de Nantua, Ain).
« Pour le tabac et les cigarettes, les ventes augmentent incontestablement (…)avec la fermeture des frontières et la limitation des déplacements, les fumeurs ne trouvent plus de produits de contrebande et reviennent chez les buralistes. C’est sensible dans la profession (…) Cette période de confinement génère aussi du stress et certains se rabattent sur les cigarettes pour l’atténuer. Enfin, comme les fumeurs achètent désormais les cigarettes par cartouches, la tentation est plus grande ».
Du côté de la presse, les ventes sont plus aléatoires. « Pour Le Progrès , il y a une baisse de 10 % des ventes, car le lectorat, particulièrement celui de seniors, sort beaucoup moins. Mais ces derniers jours j’en retrouve d’autres. Des abonnés et qui ne supportent pas de recevoir leur quotidien par La Poste avec, comme ce mercredi, cinq jours de retard. »
« J’ai été dévalisé des magazines pour enfants (…) et je suis livré au compte-gouttes. Tension aussi pour ceux de mots croisés, fléchés ou Sudoku, avec une offre qui se restreint. Pour d’autres, je pense aux journaux spécialisés dans le sport, le football, mais aussi toute la presse hippique, la situation est catastrophique et j’ai bien peur que certains titres ne se relèvent pas de cet épisode » (Le Progrès).