Ils redoutent l’impact de la future hausse des prix des cigarettes sur leurs revenus. Ils veulent le prolongement du fonds accompagnant la transformation des points de vente et un plan de lutte contre le commerce parallèle.
Ainsi débute un article de Keren Lentschner dans Le Figaro. Nous le reproduisons.
Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, est attendu de pied ferme ce vendredi matin par les 600 élus de la Confédération des buralistes, réunis en congrès dans un hôtel parisien (voir 20 octobre).
•• « Nous sommes prêts à assumer notre rôle dans l’aménagement du territoire et à assurer un service public de proximité mais nous avons besoin de visibilité, martèle Philippe Coy, président de la Confédération qui rassemble les 23 500 buralistes de l’Hexagone. Nous sommes préoccupés par l’avenir. »
En tête de leurs revendications, figure la reconduction du Fonds de transformation de l’État, qui prend fin au 31 décembre 2022. Et ce jusqu’à la fin 2026. Ce fonds, d’un montant de 92 millions d’euros, a permis en quatre ans à 18 % des points de vente de se moderniser. Chaque buraliste a reçu jusqu’à 33 000 euros afin de couvrir jusqu’à 40 % des dépenses (mobilier, équipement, …) liées à la transformation des civettes.
Selon la Confédération , cette transformation a permis une augmentation moyenne de 20 % de leur chiffre d’affaires. « Il n’y avait jamais eu d’accord aussi vertueux entre la puissance publique et un réseau d’indépendants », assure Philippe Coy qui se dit prêt à en redéfinir les conditions d’utilisation.
Il y a quatre ans, la profession a engagé ce chantier avec l’objectif de faire des points de vente des « drugstores du quotidien ». Elle est partie d’un constat simple : face à la baisse du volume des ventes de cigarettes (-50 % en vingt ans), qui représentaient jusque-là 80 % du chiffre d’affaires, il y avait urgence à trouver des relais de croissance. À terme, l’objectif est que les ventes de tabac ne génèrent plus que 50 % des revenus.
•• Aujourd’hui, sur les 10 millions de clients que les buralistes accueillent chaque jour, 42 % viennent pour autre chose que du tabac : acheter des timbres, des enveloppes ou une salade, ou encore régler ses amendes, impôts et autres factures d’énergie. En 2021, ces services ont généré 159 millions d’euros de volume d’affaires.
Au cabinet de Gabriel Attal, qui a effectué à la rentrée un déplacement dans le Puy-de-Dôme chez un buraliste (voir 7 et 8 octobre), on revendique un « esprit de concertation ». L’accompagnement de l’État doit encore faire l’objet d’arbitrages et de discussions avec la profession en vue de déboucher sur des propositions, qui seront faites en début d’année.
•• Les buralistes redoutent que leur élan dans la transformation des civettes ne soit freiné par la hausse de la fiscalité du tabac qui figure dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) avec une éventuelle indexation des prix sur l’inflation. Ils n’ont pas digéré que le tabac à rouler soit concerné alors qu’il est consommé « par les plus précaires ».
Après deux ans de moratoire sur les hausses de prix, ils craignent qu’une augmentation de 50 à 70 centimes du paquet de cigarettes, consécutive à cette mesure du PLFSS, ne précipite les fumeurs en dehors des civettes, dans les pays transfrontaliers ou vers les vendeurs à la sauvette et opérant sur les réseaux sociaux. Parmi les plus vulnérables, figurent les 8 000 buralistes situés sur les 16 départements frontaliers. « Oui, nous avons bénéficié des hausses de prix mais nous avons aussi vu nos clients nous échapper, sauf à fermer les frontières, comme lors du premier confinement », répond Philippe Coy.
« Cette année, les volumes dans les bureaux de tabac vont baisser entre 6 et 9 % sans qu’il y ait eu de hausses de prix, on peut craindre le pire à partir de 2023 », lâche un cigarettier.
•• Le président de la Confédération des buralistes, qui estime qu’environ un tiers de la consommation se fait aujourd’hui en dehors du circuit légal, réclame un plan de l’État pour lutter contre le commerce parallèle.
Sur ce point, il devrait obtenir gain de cause, l’intérêt de l’État – qui pourrait accuser un manque à gagner de 6 milliards d’euros de recettes fiscales cette année à cause des ventes illégales – et celui des buralistes convergeant.