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17 Avr 2013 | Observatoire, Profession
 

Le « prime time » a ses exigences. Comme prévu, le documentaire « Tabac : nos gosses sous intox », diffusé par Canal + ce 17 avril (voir Lemondedutabac des 9 et 13 avril) mélange images-chocs et fausses révélations. Tout cela au service d’un seul propos : l’industrie du tabac n’a de cesse que de pousser les jeunes à fumer. Point barre.

Pendant 90 minutes, les éléments « à charge » sont accumulés. Notamment :
. les « révélations » d’un ex-salarié dissimulant voix et visages pour créer d’emblée une atmosphère de complot … ;
. la distribution de cigarettes lors d’une soirée de jeunes Suisses (tout en commentant que cela est interdit, et ne se fait plus dans d’autres pays, comme en France) ;
. un  reportage provoc à Losangexpo ;
. la reprise de la « saga » américaine des grands procès de fabricants (confondus à partir des vieilles archives des « tobacco documents ») et qualifiés, au passage, de mafieux ;
. ces films amateurs d’ados fumeurs, postés sur le web ;
. des jeunes fumeurs dans un ghetto américain ;
. la présence du tabac dans les films (mais à toutes les époques) ;
. les images terribles de petits gamins fumant dans des plantations de tabac indonésiennes ;
. ces témoignages dramatiques de malades en phase terminale, en Indonésie et au Cambodge.
Le documentaire aurait pu durer quatre heures. Fort probable que l’on aurait jamais vu la moindre image de gamins s’approvisionnant librement sur le marché parallèle …

Mais tout cela pourquoi ? Les  personnes convaincues que les fabricants de tabac sont à l’origine de tous les maux se retrouvent confortées dans leur opinion.

Et  les autres ? Concrètement, en quoi ce genre de reportage à charge contribue à faire avancer d’un iota la lutte contre le tabagisme des jeunes ? Ce phénomène grave de la prévalence tabagique chez les ados répond à de multiples ressorts liés tant aux rapports, encore intimes et controversés, entre notre société et le tabac, qu’à la psychologie juvénile, si complexe. Il est tellement simple de tout réduire aux initiatives marketing disséquées  et décriées dans ce documentaire. D’autant plus que la plupart de ces opérations n’ont plus cours. La diabolisation est une mauvaise pédagogie.