Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
7 Août 2024 | Profession
 

Dans un article signé Emma Launé-Téreygeol, Les Échos fait le point sur les logiciels d’intelligence artificielle (IA) afin de repérer plus facilement les moins de 18 ans qui n’ont pas le droit d’acheter des cigarettes et des jeux d’argent.

La société française Bergens s’est mise sur le marché il y a un an et a déjà commercialisé la technologie dans 200 bureaux de tabac à travers la France. Son dispositif permet, avec une petite caméra, de scanner les traits du visage pour évaluer l’âge d’une personne (voir 16 juillet et 7 mai 2024).

L’an dernier, un logiciel similaire développé par la société anglaise Yoti avait été testé chez plusieurs bureaux de tabac par la Française des Jeux (voir le 6 avril 2023).

•• Bergens, créée par l’entrepreneur Stéphane Rosseneu en Savoie, a importé la solution du Royaume-Uni. « Une société britannique pour laquelle je travaille a commencé à développer un algorithme pour faire des analyses faciales. Au début, ils n’étaient pas prévus pour aider les buralistes », relate le créateur de Bergens.

L’entrepreneur installé en Savoie se rend compte qu’il est souvent compliqué pour les commerces de vente de cigarettes de demander et de vérifier l’âge des clients, et propose à quelques-uns de tester un prototype. Le dispositif rencontre très vite du succès.

« On est confrontés à une réaction plutôt violente quand on refuse la vente aux mineurs. L’algorithme permet d’avoir un appui. Même si ça n’annihile pas les comportements agressifs, ça coupe souvent court aux discussions », témoigne Gaëlle Veillet, buraliste dans la Savoie, dont le commerce a expérimenté l’outil.

•• Installée au comptoir des bureaux de tabac, près de la caisse devant les étals de cigarettes, la petite caméra scanne un visage dès que la personne s’approche à moins d’un mètre. « C’est d’une simplicité déconcertante. Il n’y a pas de maintenance, pas de contrat, aucune contrainte technique, si ce n’est une prise électrique », assure Gaëlle Veillet.

Le dispositif coûte 588 euros, un investissement « qui ne représente pas du tout un frein » pour la commerçante savoyarde. L’amende pour vente de produits de tabac à un mineur s’élève, elle, à 750 euros.

Entraîné à scanner plusieurs milliers de visages, l’algorithme s’appuie, de manière anonyme , sur les caractéristiques des traits du faciès pour évaluer l’âge de la personne « avec une marge d’erreur d’environ un an entre l’estimation et l’âge réel », selon Stéphane Rosseneu.

•• Le dispositif n’est donc pas infaillible, et les buralistes restent les seuls responsables s’ils vendent des cigarettes ou des jeux à gratter à des mineurs. L’algorithme est conçu pour surestimer l’âge plutôt que le sous-estimer, ce qui évite « qu’un mineur déclenche un faux vert », tranche l’entrepreneur.

« L’algorithme semble en bonne voie d’amélioration. Une année en arrière, on avait par exemple pointé que le logiciel évaluait mal l’âge des personnes de couleur et ils ont pris en compte nos remarques », relate Gaëlle Veillet.« À ce sujet, nous avons fait une mise à jour en septembre 2023 », confirme Stéphane Rosseneu, précisant que « l’algorithme est bien sûr testé autour des différentes couleurs de peau ».

Aujourd’hui, la société Bergens « vise beaucoup plus que 200 sur les 23 500 bureaux de tabac du marché français ». L’entreprise-mère de l’algorithme, « Innovative Technology », pénètre de plus en plus les marchés hollandais et belge.