Depuis deux mois, un buraliste à Albertville (Savoie) s’est équipé d’un dispositif de caméra capable de détecter si les clients sont ou non mineurs.
Franck Marchand-Maillet parle, dans L’Essor Savoyard, de ce dispositif qui n’équipe aujourd’hui que quelques centaines d’établissements en France (voir 7 mai 2024).
•• Pourquoi avoir mis en place ce dispositif ?
Aujourd’hui, c’est parfois compliqué de reconnaître un mineur. Des contrôles sont régulièrement effectués afin de contrôler la vente des produits de la Française des jeux et lors d’un contrôle, nous n’avons pas vu que le jeune en question était mineur. Si une erreur est sanctionnée d’une journée de formation, trois contrôles positifs peuvent amener la fermeture du point de vente. Nous avons donc décidé de mettre en place des caméras pour nous aider dans la reconnaissance des personnes mineures et éviter les erreurs.
•• Comment fonctionne ce dispositif ?
Il se présente sous forme d’une caméra dirigée vers la caisse. Elle repère certains traits du visage et une lumière rouge s’allume si le logiciel pense détecter un mineur, et vert si au contraire il pense qu’il s’agit d’un majeur. Il n’y a pas d’enregistrement et le logiciel est très régulièrement mis à jour.
•• Est-ce efficace ?
Dans la grande majorité des cas, oui. Il y a bien toujours des loupés, puisque l’IA n’est pas parfaite, mais c’est toujours dans le sens de majeurs pris pour des mineurs et non l’inverse. En effet, la caméra est paramétrée pour considérer comme majeures les personnes ayant plus de 21 ans. En tout cas, c’est plus simple pour nous aussi de demander aux personnes leur pièce d’identité lorsque le voyant rouge s’allume et que donc, on exprime un doute.
•• Quels sont les produits concernés ?
Les cigarettes, électroniques ou non, les jeux d’argent et les couteaux, que nous commercialisons dans la partie ‘‘souvenirs’‘ de la boutique. Ce n’est pas une obligation légale en France, mais nous refusons aussi de vendre des boissons énergétiques aux moins de 16 ans, comme c’est le cas au Royaume-Uni ou en Lituanie.
Parfois, ce sont les parents qui achètent les boissons pour leurs enfants sans se rendre compte de ce qu’elles contiennent. On en discute avec eux. C’est comme pour les jeux à gratter, les gens ne se rendent pas compte qu’une addiction peut démarrer de cette façon.
•• Comment réagissent vos clients ?
Certains ont eu peur d’être enregistrés, mais après explication, la caméra est devenue une sorte de jeu. Certains nous disent : « J’ai mis de l’anti-rides, je vais voir si ça fonctionne ». D’autres clients n’ont pas apprécié la démarche. Certains envoyaient leurs enfants chercher des cigarettes ou des jeux pendant qu’ils restaient dans leur voiture. Ils sont donc obligés de venir jusqu’à nous.
•• Cette mesure a-t-elle eu un impact sur votre fréquentation ?
Oui, nous n’avons pas moins de clients, mais ils sont différents. Au début, on a eu des jeunes qui ont dit que tel ou tel bureau de tabac leur vendait des cigarettes et qu’ils ne comprenaient pas notre démarche.
Bien entendu, il y a toujours des jeunes pour demander aux plus âgés de venir pour eux. On explique à ces derniers qu’ils se mettent dans l’illégalité.