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3 Jan 2024 | Profession
 

Depuis lannonce de la vente de certaines munitions de chasse chez les buralistes (voir 25 et 27 novembre 2023), la presse quotidienne régionale a fait remonter des avis contrastés …

Là, cest lhebdomadaire Marianne qui revient sur le sujet – sur le mode controverse « entre grand flou et fiasco annoncé » – avec la confirmation dune expérimentation dans les Pyrénées-Atlantiques au premier trimestre 2024 (voir 30 décembre 2023). Pour appuyer son propos, l’hebdomadaire a interrogé des buralistes dans toute la France.

(…) Du côté des buralistes, comme des armuriers, c’est le grand flou.

Parmi la vingtaine de buralistes interrogés, tous tiennent le même discours. « On na été contacté par personne, vraiment personne », insiste un buraliste à Fontainebleau (Seine-et-Marne). « Avant d’ajouter : « Notre Confédération nous la confirmé au moment où cest sorti dans la presse mais sans nous donner dindications supplémentaires… Il y a un peu de marge entre les annonces du Gouvernement et la réalité. »

•• Un autre buraliste de l’Yonne ne se faisait pas trop d’illusions quant à la mise en place de la mesure : « Cela naurait jamais pu être mis au point le 1er janvier au matin, faut pas rêver ! «

Si ce dernier est lui-même un chasseur averti, il annonce d’emblée ne pas être intéressé par le déploiement de ce dispositif : « Mon avis, cest que ce nest pas adapté. Pourquoi ? Car chacun son métier. Cest vrai quil y a de moins en moins darmuriers. Mais enfin, on nachète pas des cartouches tous les jours non plus ! Je men procure une fois ou deux maximum pour la saison de chasse. Et après cest fini », explique-t-il. « Dautant plus quen tant que pratiquant, je my connais très bien : je sais tout le stock que cela peut représenter… Non merci », ajoute-t-il.

« Vous avez des dizaines et dizaines de munitions différentes, ça prend de la place ! Dautant plus quil existe plein de calibres différents. Ça va être compliqué niveau logistique… », témoigne une vendeuse dans une armurerie de Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne), un département où la chasse est très pratiquée. « Il faut de la place pour pouvoir tout stocker. Moi je nai pas du tout lemplacement pour dans ma boutique », précise un buraliste à Amiens (Somme).

•• Cet argument qui revient beaucoup dans les échanges. Il est souvent accompagné d’un autre – de taille pour la profession –, celui de la sécurité. Les bureaux de tabac sont de plus en plus victimes de braquages et nombre de buralistes ont peur d’être « encore plus exposés à ce risque » et « d’avoir une cible dans le dos » en vendant des munitions.

« Il va falloir un coffre-fort, cest encore un linvestissement », note également un buraliste à Foix (Ariège). « Cest vrai que beaucoup de mes confrères ont peur de se faire cambrioler… », reconnaît le patron d’un bar-tabac à Claye-Souilly (Seine-et-Marne), plutôt enthousiaste face à cette nouveauté : « moi, si jaccepte de le faire, cest pour attirer plus de clientèle, confie-t-il. Le but, cest de faire du chiffre. »

•• Mais là encore, l’argument convainc difficilement. Ils sont beaucoup à avoir déjà une clientèle « d’habitués » qui semble leur suffire. « La part des personnes concernées est infime par rapport aux personnes qui achètent des cigarettes », estime l’un d’entre eux.

Un buraliste à Foix (Ariège) annonce que sa ville compte un magasin Décathlon qui vend déjà des munitions pour les chasseurs : « largument a fini de me convaincre de ne pas me lancer ». Même chose pour la patronne d’un bar-tabac à Lamotte-Beuvron, en Sologne. « Nous avons déjà un armurier sur place, pas besoin de sy mettre. Chacun son métier ! ».

« Normalement, la règle, c’est quon est en lien avec larmurerie la plus proche de chez nous », soutient également le buraliste Seine-et-marnais intéressé par la vente de munitions. Marianne a vérifié auprès de l’armurier en question, situé à moins de 10 kilomètres de là : celui-ci n’a « pas du tout été associé » au processus pour l’instant et demeure « sans aucune nouvelle des autorités ». « Et puis il faut quon se forme ! Imaginez quon vende les mauvaises cartouches ? », ajoute un buraliste en Ariège.

•• Plusieurs armuriers contactés par Marianne ont par ailleurs indiqué que le SIA – le Système dInformation sur les Armes, qui devait être finalisé dici le 31 décembre 2023, afin de renseigner virtuellement toutes les armes détenues par les chasseurs et sécuriser toute la procédure – ne sera finalement pas effectif au début de l’année car son application a pris du retard.