Depuis l’annonce de la vente de certaines munitions de chasse chez les buralistes (voir 25 et 27 novembre 2023), la presse quotidienne régionale a fait remonter des avis contrastés …
Là, c’est l’hebdomadaire Marianne qui revient sur le sujet – sur le mode controverse « entre grand flou et fiasco annoncé » – avec la confirmation d’une expérimentation dans les Pyrénées-Atlantiques au premier trimestre 2024 (voir 30 décembre 2023). Pour appuyer son propos, l’hebdomadaire a interrogé des buralistes dans toute la France.
(…) Du côté des buralistes, comme des armuriers, c’est le grand flou.
Parmi la vingtaine de buralistes interrogés, tous tiennent le même discours. « On n’a été contacté par personne, vraiment personne », insiste un buraliste à Fontainebleau (Seine-et-Marne). « Avant d’ajouter : « Notre Confédération nous l’a confirmé au moment où c’est sorti dans la presse mais sans nous donner d’indications supplémentaires… Il y a un peu de marge entre les annonces du Gouvernement et la réalité. »
•• Un autre buraliste de l’Yonne ne se faisait pas trop d’illusions quant à la mise en place de la mesure : « Cela n’aurait jamais pu être mis au point le 1er janvier au matin, faut pas rêver ! «
Si ce dernier est lui-même un chasseur averti, il annonce d’emblée ne pas être intéressé par le déploiement de ce dispositif : « Mon avis, c’est que ce n’est pas adapté. Pourquoi ? Car chacun son métier. C’est vrai qu’il y a de moins en moins d’armuriers. Mais enfin, on n’achète pas des cartouches tous les jours non plus ! Je m’en procure une fois ou deux maximum pour la saison de chasse. Et après c’est fini », explique-t-il. « D’autant plus qu’en tant que pratiquant, je m’y connais très bien : je sais tout le stock que cela peut représenter… Non merci », ajoute-t-il.
« Vous avez des dizaines et dizaines de munitions différentes, ça prend de la place ! D’autant plus qu’il existe plein de calibres différents. Ça va être compliqué niveau logistique… », témoigne une vendeuse dans une armurerie de Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne), un département où la chasse est très pratiquée. « Il faut de la place pour pouvoir tout stocker. Moi je n’ai pas du tout l’emplacement pour dans ma boutique », précise un buraliste à Amiens (Somme).
•• Cet argument qui revient beaucoup dans les échanges. Il est souvent accompagné d’un autre – de taille pour la profession –, celui de la sécurité. Les bureaux de tabac sont de plus en plus victimes de braquages et nombre de buralistes ont peur d’être « encore plus exposés à ce risque » et « d’avoir une cible dans le dos » en vendant des munitions.
« Il va falloir un coffre-fort, c’est encore un l’investissement », note également un buraliste à Foix (Ariège). « C’est vrai que beaucoup de mes confrères ont peur de se faire cambrioler… », reconnaît le patron d’un bar-tabac à Claye-Souilly (Seine-et-Marne), plutôt enthousiaste face à cette nouveauté : « moi, si j’accepte de le faire, c’est pour attirer plus de clientèle, confie-t-il. Le but, c’est de faire du chiffre. »
•• Mais là encore, l’argument convainc difficilement. Ils sont beaucoup à avoir déjà une clientèle « d’habitués » qui semble leur suffire. « La part des personnes concernées est infime par rapport aux personnes qui achètent des cigarettes », estime l’un d’entre eux.
Un buraliste à Foix (Ariège) annonce que sa ville compte un magasin Décathlon qui vend déjà des munitions pour les chasseurs : « l’argument a fini de me convaincre de ne pas me lancer ». Même chose pour la patronne d’un bar-tabac à Lamotte-Beuvron, en Sologne. « Nous avons déjà un armurier sur place, pas besoin de s’y mettre. Chacun son métier ! ».
« Normalement, la règle, c’est qu’on est en lien avec l’armurerie la plus proche de chez nous », soutient également le buraliste Seine-et-marnais intéressé par la vente de munitions. Marianne a vérifié auprès de l’armurier en question, situé à moins de 10 kilomètres de là : celui-ci n’a « pas du tout été associé » au processus pour l’instant et demeure « sans aucune nouvelle des autorités ». « Et puis il faut qu’on se forme ! Imaginez qu’on vende les mauvaises cartouches ? », ajoute un buraliste en Ariège.
•• Plusieurs armuriers contactés par Marianne ont par ailleurs indiqué que le SIA – le Système d’Information sur les Armes, qui devait être finalisé d’ici le 31 décembre 2023, afin de renseigner virtuellement toutes les armes détenues par les chasseurs et sécuriser toute la procédure – ne sera finalement pas effectif au début de l’année car son application a pris du retard.