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9 Mar 2022 | Vapotage
 

Au tour du Figaro d’enquêter sur la Puff, « cette cigarette électronique jetable prisée des ados » (voir 26 février, 23 et 20 janvier). Extraits. 

« Comme les e-cigarettes également, la vente de ces produits est interdite aux mineurs. Pour autant, un simple essai chez le buraliste effectué par Le Figaro suffit à confirmer qu’aucun contrôle d’identité n’est effectué, chez le buraliste comme sur les sites de vente en ligne. Alors, à qui la faute ? » démarre l’article.

•• Malgré l’interdiction de consommation chez les adolescents et les quelques alertes liées au risque d’addiction, le phénomène venu d’Amérique s’est solidement installé en France. De fait, il jouit d’une viralité impressionnante sur les réseaux sociaux. Sur TikTok en particulier, les vidéos d’adolescents – français comme américains – qui s’exposent, une « Puff » colorée à la main, sont plus que fréquentes.

Conscient de son rôle dans la popularisation de cet usage, le réseau est revenu auprès du Figaro sur sa façon de modérer les contenus. « En France, pour protéger la communauté, le hashtag est inéligible au système de recommandation. Ainsi, quand un utilisateur tape « puff » dans la barre de recherche, aucun résultat n’est affiché », affirme la plateforme.

Mais ces nouvelles restrictions semblent facilement contournables par les utilisateurs. En écrivant seulement le hashtag «#wpuff» sur TikTok, Le Figaro a pu accéder à des dizaines de vidéos où des adolescents s’affichent fièrement, une puff à la main comme à la bouche.

•• Le Gouvernement s’intéresse aussi de près à cette tendance en cours chez les jeunes.

Le 15 février, à l’occasion d’une session de questions au gouvernement, Sarah El Haïry, la secrétaire d’État à la Jeunesse, affirmait avoir saisi les autorités de santé pour « rappeler les dangers de l’addiction » ainsi que le Conseil d’orientation de la jeunesse pour sensibiliser à nouveau sur « la pédagogie et la responsabilité des influenceurs ».

•• L’inquiétude autour de la « Puff » ne fait toutefois pas l’unanimité. Jean Moiroud, président de la Fédération interprofessionnelle de la Vape (Fivape, voir 28 janvier) considère que ce produit peut dissuader toute une génération de fumer de «vraies» cigarettes. « En France, l’âge moyen d’entrée dans le tabac est entre 13 et 15 ans, parce que c’est un âge où l’on cherche à faire de nouvelles expérimentations » analyse Jean Moiroud.

« Peut-être que la « Puff » peut répondre à cette demande tout en dissuadant l’adolescent de consommer un produit cancérigène : le tabac ». Pour celui qui représente les fabricants d’e-cigarettes et leurs vendeurs, « les adolescents américains ont nettement moins fumé de cigarettes lorsque la Juul était encore autorisée. La « Puff » doit pouvoir être imaginée comme un substitut du tabac ».

•• Pour l’heure, ce n’est cependant pas cette position que la législation européenne a retenu : les puffs sont en théorie interdites à la vente aux mineurs sur tout le continent. Mais la réalité est tout autre. Pour comprendre le phénomène, le directeur de l’association Suisse pour la prévention du tabagisme, Luciano Ruggia, a cherché à comprendre les réseaux qui irriguent la « Puff ».

En décembre dernier, il a ainsi recensé plus de 260 000 différentes « Puffs » sur un site chinois qui livre partout en Europe. Au-delà de l’absence de contrôle, « ces produits sont aussi loin de respecter la législation européenne », analyse-t-il. Alors que l’UE impose une contenance maximum de 20 milligrammes de nicotine par millilitre, plusieurs produits proposent 50 ou 60 milligrammes par millilitre.

« Avec de telles quantités, il est possible de se shooter à la nicotine », poursuit-il. En résulte d’ailleurs un « Puff bar challenge » : dans diverses vidéos partagées sur Youtube, des adolescents se mettent au défi d’aspirer le plus vite possible sur leur puff avant d’être étourdi ou de tomber dans les pommes.