Pharmaciens, buralistes, caissières … De nombreuses professions s’accordent sur une recrudescence des agressions ces derniers mois. Chacune essaie de s’en prémunir, parfois, sans succès. Extraits du décryptage du Figaro.fr.
•• Depuis quelques mois, le président de l’Union des syndicats de Pharmaciens d’Officine a récolté de trop nombreux témoignages d’actes malveillants dans les officines : « les gens sont devenus très agressifs depuis cet hiver ».
Les pharmaciens sont particulièrement frappés par cette animosité ambiante, avec une hausse « de 17 % des violences verbales et physiques par rapport à 2019 », selon le bilan annuel de 2022 sur la sécurité des pharmaciens. « Chaque jour, en moyenne, l’un d’eux déclare avoir subi une agression », note le rapport (…)
•• Ce phénomène est loin de concerner uniquement les pharmaciens. Revendiquant d’accueillir « chaque jour dix millions de Français » dans leurs locaux, les bureaux de tabac l’ont également constaté, indique Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes de France.
« On remarque un agacement de la population qui se traduit par un manque de respect envers autrui. Les gens sont à fleur de peau et le moindre accrochage est souvent source d’emballement et d’énervement.» « Aujourd’hui, on ne s’inquiète plus de savoir si on va faire une bonne transaction mais si le client va être calme », complète-t-il, « c’est compliqué d’avoir cette inquiétude au quotidien ». Sur leurs comptoirs, certains buralistes ont même gardé le plexiglas installé lors du Covid pour « s’assurer un peu de sécurité ».
« On sent aussi une tension dans les relations intergénérationnelles », indique Philippe Coy. Les jeunes seraient ainsi de moins en moins tolérants envers leurs aînés et participeraient à ce regain de violence envers les commerçants.
•• Un avis partagé par les restaurateurs. « Depuis une vingtaine d’années, la nouvelle génération manque davantage de respect », remarque David Zenouda, vice-président de l’UMIH d’Île-de-France. Une virulence qui va aussi de pair avec la hausse de « la consommation d’alcool, cumulée à la drogue », provoquant « des comportements hors-de-contrôle ».
Les professionnels doivent de plus en plus gérer des « gens qui hurlent, qui urinent » … Autant de marques de « manque de respect par rapport au voisinage qui n’existaient pas avant ».
•• La consommation d’alcool est aussi pointée du doigt par d’autres professions, qui s’inquiètent de situations à risque pour les salariés concernés. « Nous avons affaire à beaucoup de clients alcoolisés qui lancent des canettes ou qui explosent des bouteilles en verre lorsqu’ils n’ont pas assez d’argent », déclare un caissier de magasin d’alimentation.
Ce métier est particulièrement dévalorisé par les clients, qui vont même jusqu’à humilier, par jeu, le personnel : « Certaines personnes vont jusqu’à impliquer d’autres clients dans la file d’attente en faisant des blagues sur le caissier, devant lui, espérant susciter leur hilarité. » (…)
•• Pour les employeurs, ces comportements violents sont une véritable plaie qui demande une adaptation constante. Système U l’assure, le groupe « accompagne son personnel et, parfois, les propriétaires des magasins ».
L’Ordre des pharmaciens a notamment nommé une centaine de conseillers ordinaux « référents sécurité » sur l’ensemble du territoire « pour apporter un accompagnement et un soutien à leurs confrères agressés ». « On incite aussi les pharmaciens à porter plainte », ajoute Carine Wolf-Thal.
Pour Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, la solution devrait être plus radicale : « il faudrait sans doute renforcer le partenariat avec les forces de l’ordre pour que les interventions soient plus réactives et suivies de sanctions. »
(Rappelons que les fédérations départementales de buralistes signent des conventions avec les forces de l’ordre / voir, par exemple, 2 juillet 2023 et 3 novembre 2022).