Si la prévalence tabagique en Europe est en recul (voir Lmdt du 30 mai), la consommation de cannabis et d’autres drogues est en expansion. Selon le rapport annuel de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, publié ce jeudi 4 juin à Lisbonne, plus de 80 millions de personnes, soit près du quart de la population de l’Union européenne, ont consommé des drogues illicites.
Il constate « une hausse sensible » de la teneur et de la pureté des drogues, que ce soit la teneur en THC (principe actif) du cannabis ou en MDMA (principe actif) dans les cachets d’ecstasy ; ou même de la pureté de la cocaïne ainsi de l’héroïne.
En cause : l’innovation technique et la concurrence sur le marché. Ainsi, la production d’herbe de cannabis s’est intensifiée ces dernières années sur le continent. D’abord, du fait de petits cannabiculteurs soucieux d’un produit de qualité, puis avec la demande des réseaux mafieux poussant les producteurs de résine à améliorer leur produit pour rester attractifs.
Les teneurs moyennes en principe actif de l’herbe ont doublé en 5 ans et celles de la résine en 10 ans. Le cannabis reste la drogue la plus consommée en Europe. Les adeptes de l’herbe sont notamment en hausse en France, en Bulgarie et dans les pays nordiques. La « marie-jeanne » représente aussi 80% des saisies de drogues. Et la consommation ou possession de cannabis représente plus de 60% de toutes les infractions liées à la drogue en Europe.
L’héroïne, principal opiacé consommé en Europe, serait en déclin, même si elle représente toujours une part importante de la mortalité liée aux drogues et compte 1,3 million d’usagers « problématiques ». Les saisies ont également diminué. Mais l’Observatoire s’inquiète de la hausse récente de la production d’opium en Afghanistan (principal fournisseur de l’Europe) ce qui pourrait entraîner une plus grande disponibilité sur le marché. A cela, s’ajoute une mutation du trafic d’héroïne vers l’Europe. Si la route des Balkans reste prédominante, la « route du sud gagne du terrain », partant de l’Iran et du Pakistan puis rejoignant l’Europe via les pays de la péninsule arabique ou d’Afrique.
La concurrence est également foisonnante sur le marché des stimulants, où la cocaïne reste la plus fréquemment consommée devant les amphétamines, l’ecstasy et un nombre croissant de drogues de synthèse, dont les cathinones (provenant des feuilles du khat) de plus en plus courants.
Le rapport met enfin en garde contre « les nouvelles substances psychoactives » (NSP), chaque année plus nombreuses – 101 ont été détectées en 2014 – vendues comme « euphorisants légaux » et souvent utilisées comme substituts aux drogues illicites.