Un couple d’habitants de Jarnac pour alimenter les fumeurs à petits prix en Charente. Un couple de Millau (Aveyron) en grossistes intermédiaire. Et une tête de réseau dans la nature. Le trafic de cigarettes contrefaites jugé, ce 25 septembre, à Angoulême a fini par leur coûter cher … en amendes selon la Charente Libre (voir 25 septembre 1 et 2).
Sur le banc des prévenus, il y avait la place pour deux couples. Julien, 43 ans, et Barbara, 48 ans, qui ont essayé d’arroser de cartouches de Marlboro les environs de Jarnac. Rémy, 64 ans, et sa compagne Alina, 49 ans, qui les alimentaient depuis Millau, dans l’Aveyron, en se fournissant en Allemagne. Le fournisseur présumé, 48 ans, Libanais installé en Allemagne n’est pas venu à l’ouverture de son procès.
•• Retour en arrière … Septembre 2020. Les enquêteurs de la Police judiciaire, qui travaillent sur une affaire de fausse monnaie, débarquent à Jarnac chez Julien, 43 ans, et Barbara, 48 ans. Incidemment, ils mettent la main sur 199 cartouches de cigarettes.
Philip Morris France, le fabricant, expertise et confirme : il s’agit de produits contrefaits. Début de l’enquête. Les écoutes ont permis d’établir le trafic, de remonter les commandes, d’estimer les quantités, les cartouches et les cartons. Et mis au jour une organisation calquée sur celle des trafiquants de stups.
•• À l’audience, les prévenus minimisent. « Je fume deux paquets par jour », dit Julien pour justifier les 50 cartouches retrouvées chez lui. Il parle de « dépannage ».
Comme son ex, Barbara, qui aurait « au maximum vendu 6 cartouches » pour un chiffre d’affaires de 360 euros. Il dit que c’est elle qui a eu l’idée, qui avait contacté un ami qui lui ramenait des cigarettes depuis Tenerife, où elle avait été agent immobilier. Ils se chargent, se renvoient la responsabilité.
À l’inverse de Rémy, l’intermédiaire qui cherche à couvrir sa compagne, qui peut difficilement nier le trafic. Il s’était déjà fait prendre en Espagne dans une histoire de cigarettes. Chez lui, les enquêteurs ont retrouvé des cartouches frelatées et 60 000 euros. Il dit que sa compagne n’a fait que traduire, elle qui parle cinq langues.
Les liens entre ces deux couples d’allure ordinaire sont pourtant plus anciens. C’est Alina qui a mis en relation Zaher Abdallah et Rémy en 2020 au Pays basque. Elle l’avait rencontré en Grèce en 2000.
C’est aussi vers Rémy que le couple de Jarnac s’est tourné lorsque le business initié en Belgique a avorté. Barbara voulait « faire de l’argent » pour nourrir ses quatre enfants, puisque la fausse monnaie, c’était fini. Pas question d’aller en Turquie se fournir en faux billets pendant le confinement.
•• Le tribunal a remis tout le monde à niveau : 12 mois ferme pour la tête de réseau, 10 mois pour les intermédiaires de Millau, ce qui couvre la détention provisoire et 10 mois dont 4 avec sursis pour le couple de Jarnacais.
Surtout, ils devront verser solidairement 135 765 euros d’amende douanière et un peu plus de 1 000 euros à Philip Morris France.