Quand l’idéologie « radicalement anti-tabac » s’impose à la réalité et aux drames d’un pays ravagé par la guerre. Bombardés, assiégés et affamés depuis plus de cinq ans, les Syriens sont priés d’arrêter de fumer, selon une consigne par la représentante de l’Organisation mondiale de la Santé à Damas, lors de la dernière Journée mondiale sans tabac, nous apprend lemonde.fr de ce vendredi 10 juin.
« Nonobstant la crise actuelle, l’urgence est de réduire la consommation des cigarettes et de narguilés parmi la population, notamment les jeunes, les femmes et les écoliers », a-t-elle affirmé, en visant en particulier l’un des passe-temps favoris des habitants du Proche-Orient : la pipe à eau « vingt fois plus toxique ».
Dans son intervention, elle n’a pas oublié le paquet neutre (thématique de l’édition 2016 / voir Lmdt des 25 avril et 18 février), pressant le gouvernement d’en imposer le principe : « pour réduire l’attractivité et le glamour d’un produit qui tue 6 millions de personnes par an ». Sans un mot pour les raids de l’aviation syrienne, beaucoup « moins glamour », et qui, depuis la fin avril, fauchent entre quinze à cinquante vies par jour à Alep, commente l’article.
Le même jour, peut-être à la même heure, à quelques kilomètres delà, les habitants de Daraya (photo), une localité encerclée de la banlieue de Damas, découvraient que le premier convoi d’aide humanitaire à leur parvenir depuis quatre ans contenait du shampoing anti-poux et des moustiquaires … mais de pas de nourriture. Jeudi 9 juin, un chargement alimentaire est finalement arrivé de quoi nourrir les habitants pendant quelques semaines … Pas de quoi apaiser leurs rancœurs et celles d’une grande partie des Syriens à l’égard des grandes organisations internationales, conclut l’article « l’insoutenable légèreté du communiqué de la représentante apportant une nouvelle pièce au dossier ».