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Suite au référendum sur un renforcement de l’interdiction de la publicité pour les produits du tabac (voir 10 et 14 février), le Comité national contre le Tabagisme a réagi par une communication signée par Pascal Diethlem, Président de l’association OxySuisse et vice-président du CNCT.

Nous la reproduisons ci-dessous.

Par leur vote en faveur de l’interdiction de la publicité pour le tabac auprès des jeunes, les Suisses ont montré un net soutien aux politiques de lutte contre le tabagisme. Si de nombreux combats restent à mener, l’adhésion populaire à l’interdiction marque une victoire de la santé publique sur les intérêts privés de l’industrie du tabac, qui s’est fortement opposée à cette mesure de bon sens. 

Avec 57 % de votes favorables à l’initiative populaire « Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac », la constitution suisse est désormais modifiée, et oblige la Confédération helvétique à se munir, dans les trois prochaines années, d’une loi visant à interdire « pour les produits du tabac, toute forme de publicité qui atteint les enfants et les jeunes ». Cette quasi-interdiction va au-delà de la protection des simples mineurs, puisque le terme de « jeunes » renvoie à tous les individus âgés de 16 à 25 ans.

•• Si ce vote constitue indéniablement un progrès et une étape importante dans la protection des jeunes générations à l’égard du tabagisme, les recherches menées sur le sujet montrent que pour être pleinement efficace, l’interdiction de publicité en faveur des produits du tabac doit être totale. Ce principe d’interdiction de toute forme de publicité en faveur des produits du tabac est une mesure préconisée par la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), traité majeur de santé publique, que la Suisse n’a toujours pas ratifié à ce jour.

Alors que l’interdiction totale de la publicité pour le tabac a été adoptée depuis de nombreuses années dans tous les pays européens, à l’exception de l’Allemagne et de la Bulgarie, une interdiction partielle visant à protéger les jeunes générations du tabagisme en Suisse suscite encore un levier de boucliers de la part d’une partie de la classe politique. 

•• Le retard accumulé par la Suisse dans la lutte contre le tabagisme trouve son explication dans le degré d’influence des fabricants du tabac dans la décision publique : lors de la dernière édition de l’Indice mondial de l’interférence de l’industrie du tabac, objectivant la capacité des pouvoirs publics à se prémunir de l’influence des cigarettiers, le pays occupait l’avant-dernière place mondiale.

Les Suisses sont les premières victimes de l’anachronisme helvète en matière de lutte contre le tabagisme. Chaque année, selon les statistiques officielles, 9 500 personnes meurent prématurément du tabagisme.

Depuis 2004, date à laquelle le pays a signé la CCLAT sans la ratifier, le tabac a entraîné le décès de plus de 165 000 Suisses.  Rien ne peut justifier que la Suisse continue d’être considérée comme le « cendrier de l’Europe », et comme la place-forte mondiale des fabricants, d’où l’essentiel des stratégies marketing et commerciales mortifères sont diffusées. Il est temps que la complaisance des pouvoirs à l’égard de d’industrie du tabac cesse, et que les décideurs endossent leur responsabilité dans la défense de la santé publique face à l’épidémie tabagique par la ratification de la Convention-cadre.