PMI s’inscrit en faux contre les mises en cause des sachets de nicotine. Ces alternatives au tabac, dont le cigarettier a fait l’un de ses axes de développement (notamment aux USA / voir le 28 août) ont été récemment accusées de contenir des métaux lourds (plomb et arsenic), ainsi que des taux élevés d’édulcorants (voir 11 décembre)
Le fabricant réclame une réglementation de ces produits en France. Analyse de Marie-Josée Cougard dans Les Échos.
« Nos sachets de nicotine ne contiennent pas les niveaux d’arsenic allégués », proteste le leader mondial. Ils font l’objet de contrôles rigoureux. Ils sont analysés par le réseau de laboratoires Eurofins, qui a établi que l’arsenic y est à un taux inférieur au niveau de détection quantifiable », réaffirme le groupe (voir 11 décembre).
Le numéro un mondial du tabac déplore « l’absence d’indications sur la méthodologie retenue par les trois organisations qui ont fait ces analyses. Il est impossible, de ce fait, de faire un comparatif avec nos propres résultats, fruits des analyses du groupe Eurofins ».
•• Pour Philip Morris, qui a annoncé son ambition de créer « un monde sans fumée », la cigarette électronique comme les sachets de nicotine sont des axes de développement prioritaires.
Au troisième trimestre 2024, le groupe estimait à 38 % le poids des alternatives à la cigarette classique dans son chiffre d’affaires. Son objectif, selon Les Échos, est qu’elles totalisent les deux tiers de ses ventes d’ici à 2030. Le groupe est leader du segment de marché, avec 36 millions d’utilisateurs d’alternatives au tabac sans combustion.
Tous les groupes de tabac redoutent une interdiction des sachets de nicotine qui viendrait contrecarrer leurs projets de développement sur ce nouveau segment prometteur, estimé à plus de 30 milliards de dollars dans le monde d’ici à 2030 – dix fois plus qu’aujourd’hui – selon Philip Morris.
•• En France, où l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES) a dès 2022 mis en garde contre les risques notamment pour les jeunes. Geneviève Darrieussecq, la ministre de la Santé dans le gouvernement démissionnaire de Michel Barnier, avait dit envisager une telle mesure (voir 12 décembre). Pour éviter l’interdiction, l’industrie du tabac brandit l’argument de leur moindre nocivité et de leur efficacité dans le sevrage des fumeurs.
Et cite la Suède, précurseur historique de cette autre version du sachet de nicotine baptisée snus, et seul pays à avoir réduit la prévalence de la cigarette à 5 % (voir 16 novembre). Quand en France, il y a encore 23 % de fumeurs, contre 30 % il y a vingt ans, malgré la très forte augmentation des prix et toutes les mises en garde contre les dangers de la cigarette.
À l’interdiction, les majors du tabac préfèrent la réglementation. Celle-ci passerait par la limitation de la vente aux buralistes et son interdiction aux jeunes ainsi que la définition d’un taux de nicotine. Pour éviter la vente aux jeunes par internet, Philip Morris propose « un renvoi des actes d’achat sur France Connect pour vérifier l’âge du client via la carte d’identité électronique ».
•• L’Union européenne est divisée sur la question de la réglementation.
La Finlande, inquiète du risque de dépendance des jeunes, a récemment décidé de traiter les sachets de nicotine comme le tabac. La vente requiert une autorisation et la teneur en nicotine doit faire l’objet de contrôles stricts. Le pays a également imposé des droits d’accise sur ces produits, les alignant sur la fiscalité des cigarettes électroniques.
La Hongrie a quant à elle enrichi sa législation sur les produits nicotiniques en interdisant les additifs dont les vitamines, et en limitant à 17 mg la teneur maximale en nicotine par sachet. Les régulateurs hongrois veulent également s’assurer d’un étiquetage plus clair avec des avertissements sanitaires bien visibles.
La République tchèque et le Danemark ont limité la teneur en nicotine dans les sachets, interdit la publicité et imposé des avertissements sur les risques de dépendance.
La Belgique et les Pays-Bas les ont tout simplement interdits.
Les révisions à venir de la Directive européenne sur les Produits du Tabac (TPD) joueront probablement un rôle clé dans la définition de la législation future concernant les produits à base de nicotine.
Une question controversée sera de savoir s’il faut distinguer les sachets de nicotine des produits du tabac traditionnels.