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13 Nov 2024 | Profession
 

Le gouvernement français envisage une interdiction des sachets de nicotine (voir 30 octobre 2024). Certains groupes de tabac, comme JTI, réclament une réglementation. C’est ainsi que débute un article des Échos du 12 novembre, signé Marie-José Cougard que nous reprenons.

Après la cigarette et le vapotage, la nicotine à sucer fait un tabac dans le monde entier. Auprès de publics très divers, y compris les sportifs, qui y trouvent une forme de stimulation, sans s’exposer au risque de cancer lié à la combustion de la cigarette. Les autorités de santé françaises, inquiètes, envisagent une interdiction. Les études quant aux dangers de la nicotine sont contradictoires, mais le caractère addictif de la substance est universellement reconnu.

•• On estime à 2,6 millions de personnes en Europe le nombre de « consommateurs » de sachets de nicotine, dont 1 million de consommateurs quotidiens.

Un véritable marché pour les majors du tabac, dont l’industrie a considérablement souffert des mises en cause de la cigarette en raison de son caractère cancérigène. Confrontés à d’immenses pertes de capitalisation boursière, les groupes ont dû s’adapter et trouver des relais de croissance. L’américain Philip Morris (Marlboro) a été le premier à annoncer une stratégie « sans fumée ».

Le développement du vapotage a d’abord émergé, donnant lieu à une multitude d’innovations de l’industrie, réputées moins nocives que la cigarette. À chacun, ses marques et ses gammes. Du tabac à chauffer aux liquides aromatisés, contenant plus ou moins de nicotine, destinés à remplir les vapoteuses. Le sachet de nicotine à sucer, inspiré du très vieux snus suédois, est le dernier né.

•• Tous les groupes de tabac en proposent, à commencer par Philip Morris qui a imposé la marque ZYN, produite par le groupe Swedish Match, acquise par le leader mondial en mars 2022 pour 16 milliards de dollars (voir 17 juillet 2024). Outre-Atlantique, celle-ci a bénéficié du soutien appuyé de Tucker Carlson, ancien présentateur de Fox News. Ce fidèle soutien de Donald Trump a ensuite annoncé son intention de lancer sa propre marque de nicotine en sachet, version moderne du tabac à chiquer des cow-boys.

En France, seul le groupe BAT (British American Tobacco) commercialise les sachets de nicotine sous la marque VELO (voir 30 juillet 2024).

•• En revanche, le commerce sur Internet va bon train et il est très facile de se procurer ces produits, y compris pour les jeunes. C’est d’ailleurs bien ce qui inquiète le gouvernement et les autorités de santé.

L’Agence nationale de Sécurité sanitaire (ANSES) a appelé dans un rapport publié en novembre 2022 à « une vigilance particulière envers les sachets de nicotine », les adolescents étant « à la fois fortement exposés aux risques d’intoxication et de dépendance ». Les centres antipoison ont signalé « vomissements prolongés, convulsions, troubles de la conscience, hypotension… » (voir 1er décembre 2023).

L’industrie réclame un cadre réglementaire limitant le taux de nicotine de ces sachets entre 10 et 20 mg, alors qu’ils peuvent en contenir le double. Le groupe JTI a adressé un courrier dans ce sens au Premier ministre, arguant du fait que ce sont « des produits qui ne contiennent pas de tabac et qui sont composés uniquement de nicotine, arômes et fibres végétales ». Ils sont « un levier efficace contre l’usage de tabac et pour la réduction des risques associés ». Pour JTI, « l’interdiction serait un non-sens en totale contradiction avec les objectifs de santé du gouvernement ».