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28 Sep 2014 | Pression normative
 

Marisol Touraine paquets australiensQui a autorisé Marisol Touraine à présenter – à la surprise de la plupart des observateurs – un plan (voir Lmdt du 25 septembre) qui a dépassé les espérances des associations anti-tabac ?

Tout indique que c’est l’Élysée qui a donné le feu vert. La ministre l’a confirmé lorsqu’elle a reçu Pascal Montredon, cette semaine (voir Lmdt du 24 septembre). Ce qui montre un changement en contradiction avec ce que l’on avait annoncé au président de la Confédération en juin dernier (voir Lmdt du 18 juin). Ce qui montre aussi que la roue a tourné par rapport à ce qui s’était passé toute l’année dernière où la France a soutenu la même position dans la discussion sur la Directive européenne : oui aux paquets « quasi-génériques » (65 %) … mais pas plus .

Mais qu’en pense vraiment Matignon ? Des informations font état du fait que Manuel Valls aurait fait connaître, lundi dernier, ses vives réserves à Marisol Touraine. D’abord, des membres de son cabinet estiment que ce programme est trop vaste pour être sérieusement ficelé juridiquement et réglementairement. Effectivement, il y a des choses à dire … Et Valls ne souffre plus les couacs et autres cafouillages au niveau des textes gouvernementaux. Ensuite, si le premier ministre trouvait que les paquets génériques relèvent d’une bonne idée, il l’aurait fait savoir et se serait mis en avant sur le sujet. Comme il l’a montré sur d’autres thématiques.

Mais il se trouve que, depuis sa dernière conférence de presse, le Président se veut le « manager » de l’équipe gouvernementale et cherche d’autres thèmes que l’économie pour rebondir, ou plutôt  tenir. Comme la vie quotidienne ou la santé publique.

Reste la position de Bercy : les Finances (Sapin), le Budget (Eckert), l’Économie (Macron) : ils sont tous impactés par le programme de Marisol. A travers l’évolution du produit de la fiscalité tabac (en Australie, l’arrivée des paquets génériques s’est tout de suite traduite par un déplacement du marché vers les bas prix) et par le coût des indemnités demandées par les fabricants pour expropriation de leurs marques (le chiffre le plus couramment cité porte sur la bagatelle de 20 milliards d’euros).

Sachant que les relations sont au plus tendues entre le cabinet de Marisol Touraine et Bercy pour cause de mésentente grave sur les coupes budgétaires. Certains en arrivent même à penser que le programme de Marisol est un « scud » envoyé à dessein par le ministère de la Santé. Qui n’a toujours pas eu gain de cause, au moins, sur un point important : la co-signature avec le secrétariat d’Etat au Budget de l’arrêté d’homologation des prix du tabac.