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20 Fév 2017 | Profession
 

France Bleu Alsace a « ouvert le bal », dès ce dimanche, sur l’augmentation du prix du tabac à rouler (voir Lmdt du 19 février). Avec un reportage à Kehl, en Allemagne, où les marchands de tabac accueillent une clientèle française à 90 %. Tous n’étaient pas au courant, mais certaines vitrines se préparaient avec des promotions en français sur le tabac à rouler et pour les clients « il n’y a pas photo au niveau du prix ». Côté français, ambiance sur les réactions à chaud …

Des consommateurs agacés par la hausse récurrente des prix.

« C’est énorme, c’est n’importe quoi. Ils vont vers le paquet à 10 euros et ce sera une raison de plus pour aller en Belgique » annonce un fumeur à Villeneuve d’Ascq (Sud Radio) ; « si on reste dans la logique que c’est pour payer notre cancer et les soins qui vont avec, en attaquant le porte-monnaie, on demandera à nos copains d’en ramener de l’étranger », un fumeur parisien cynique (Europe 1) ; « je n’arrêterai pas à cause du prix, mais pour ma santé, pour mon enfant, pour un changement de cadre de vie », une jeune fumeuse (Europe 1).

Des buralistes en colère

• Bernard Gasq (président de la Fédération Ile-de-France/ Seine-Maritime/Oise) : « on est en train de mourir, c’est dû à la politique spectacle de cette ministre de la Santé qui nous en veut à mort. L’impact, c’est que les gens vont acheter du tabac ailleurs que chez nous » (RMC) ; « on risque d’avoir un marché parallèle qui va frôler les 35 % » (France Info) ; « sur le tabac à rouler, on va être quatre fois plus cher que le Luxembourg et quatre fois plus cher que l’Andorre, je pense qu’on a dépassé les bornes de l’acceptable » (BFMTV).

• Thierry Lefebvre (président de la chambre syndicale des buralistes du Haut-Rhin, vice – président de la Confédération), invité de France Bleu Alsace : « cela fait 25 ans que cette politique de gribouille de l’État nous fait perdre des clients et que ça n’amène rien en matière de santé publique. Les fumeurs se sont tournés vers le tabac à rouler avec l’augmentation des prix des cigarettes et ce sont malheureusement encore les faibles revenus qui vont être pénalisés (…) Nous, frontaliers, nous avons été obligés de nous diversifier depuis une quinzaine d’année. On vend tout ce qui peut être adapté à notre clientèle, dans notre quartier, dans notre commune : épicerie, Compte Nickel, e-cigarette, etc. ».

• Philippe, buraliste à Villeneuve d’Ascq (Nord) : « c’est inadmissible, ça n’empêchera pas les gens de fumer et ça va accélérer les 25 à 30 % de marché parallèle. Cela ne fait que pénaliser nos petits commerces. On voit sur Villeneuve-d’Ascq, on a perdu sept débits en dix ans ». À quelques kilomètres, en Belgique, c’est le sourire : « on s’adapte en fonction des produits et des hausses françaises en développant le tabac à rouler, par exemple, et en agrandissant le magasin pour mieux servir les clients » (Sud Radio).

Des anti-tabac plus ou moins satisfaits

• Yves Martinet (président du Comité national contre le Tabagisme) : « quand on augmente le prix du tabac de 10 %, il y a une réduction de la consommation de -4 %. Et elle est de -6 % chez les jeunes et les plus défavorisés » (sic). L’existence du marché parallèle échappant au raisonnement.

• Bertrand Dautzenberg (au titre de pneumologue et de président de « Paris sans Tabac »), invité de iTELE : « une hausse de 1 euro ne veut pas dire grand-chose, il faut regarder en nombre de cigarettes. Une cigarette avec du tabac à rouler c’était 10 centimes d’euros, aujourd’hui ça passe à 11,3 centimes. Une cigarette manufacturée, c’est 35 centimes d’euros. Le tabac à rouler reste trois fois moins cher et c’est trois plus toxique ».

Clin d’œil, enfin, d’un reportage de France Info sur les hauts et les bas du tabac à rouler qui représentait 93 % du marché en 1900 … puis la dégringolade dans les années 50 … puis le redémarrage dans les années 2000. À quand donc le retour en force, annoncé, de la pipe ?