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11 Août 2015 | Observatoire, Profession
 

Réponse à toutLes parutions actuelles du mensuel Réponse à Tout n’ont plus rien à voir avec le magazine conçu par feu Alain Ayache, gros amateur de cigares. Des titres niais mais accrocheurs pour des textes insipides, repompés vite fait ailleurs. Le tout dans l’air du temps et l’indignation conformiste …

Rien d’étonnant à ce que le numéro estival de Réponse à Tout se distingue par une charge anti-filière tabac, copie conforme de ce qui s’est dit ailleurs ces derniers mois. Version « complot du siècle ». Tel que suggéré par l’introduction : « Qui osera vraiment s’attaquer à cette poule aux œufs d’or qui rapporte beaucoup d’argent aux industriels, aux buralistes et au gouvernement ? ». Car c’est bien la seule façon de traiter le tabac et le tabagisme, ces jours-ci.

D’ailleurs, la rédactrice ne se limite pas à citer ses sources, elle en assure la promotion. L’article est donc ourlé d’un bel encadré sur le livre de Matthieu Pechberty (« L’État accroc au tabac » / voir Lmdt des 15 et 16 octobre 2014) et son clone, commis par Marc Lomazzi (« Comment la mafia du tabac nous manipule » / voir Lmdt des 8 et 19 mai 2015).

En deux temps, trois mouvements, l’argumentation est ainsi déroulée :

1 • « L’État cède au lobby des buralistes qui menacent de mettre la clé sous la porte » (extrait de l’article).

2 • « L’État a augmenté la commission des buralistes de 54 %. Cherchez l’erreur … Le revenu annuel moyen des buralistes grâce au tabac est passé de 29 000 à 48 000 euros entre 2002 et 2011, dont 4 000 euros provenant des aides publiques ».

3 • « Le commerce illicite est une fausse excuse », les fabricants en étant les premiers bénéficiaires.

On pourrait répondre que la journaliste a le droit d’affirmer ce qu’elle veut. C’est son droit à la désinformation. Mais il aurait été bienvenu qu’elle nuance son propos et qu’elle renoue avec le devoir d’information.

Alors, aidons-la à nuancer.

1 • Menace ou pas menace, 7 000 buralistes ont baissé le rideau depuis 2002.

2 • Jamais l’État n’a « augmenté la commission » dans les proportions indiquées dans l’article. Dans la foulée du premier Contrat d’avenir de 2003, les deux autres ont été établis de sorte à coûter de moins en moins cher, chaque année, à l’État.
La remise additionnelle, c’est au maximum 520 euros par an et par buraliste.
La remise compensatoire n’est versée qu’aux buralistes frontaliers ou de départements en difficultés (là où les chutes de volumes correspondent à une baisse de fréquentation, sous l’effet d’une concurrence déloyale).
Quant aux aides sous forme de nouvelles activités de service public, elles se font toujours attendre.

3 • Aborder le sujet du commerce illicite en occultant tout simplement la première donnée de base sur le sujet – le fait que le quart de la consommation soit issu du marché parallèle – c’est prendre ses lecteurs pour des imbéciles.

Mais au fait, est-il si nécessaire de perdre du temps à répondre à n’importe quoi ?

Que ce « bouquin » se perde au fond des linéaires.