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18 Mar 2025 | Profession
 

Quelques semaines après la sortie du Guide « PMU, les 100 bars qui font la France » (voir 12 et 22 novembre 2024), une enquête de la Fondation Jean Jaurès met l’accent sur le rôle social de ces établissements, en ville comme en campagne.

Gros plan avec Gaspard Jaboulay, co-auteur de « Micro-comptoirs : enquête sociologique dans la France des PMU », interviewé par ici Mayenne

• ici Mayenne : Les clients réguliers des PMU sont peu ou pas diplômés. Ils viennent de milieux modestes. Ce sont surtout des hommes. Qu’est-ce qu’on apprend de nouveau dans ce rapport ?

•• Gaspard Jaboulay : On en apprend beaucoup sur les motivations à se rendre dans les bars PMU parce qu’on se rend compte que bien sûr, il s’agit de jouer, mais aussi de trouver une ambiance, de chercher une convivialité très spécifique qu’on ne trouve pas ailleurs, c’est à dire pas dans les cercles amicaux, pas dans les cercles familiaux, ni entre collègues.

Et dans cette convivialité, on voit qu’il y a aussi beaucoup de partages de tuyaux, pour les courses hippiques, mais aussi de bons plans pour la vie quotidienne. Ça peut être alimentaire, ça peut être pour trouver un logement, pour trouver un travail. Et ça, c’est notamment permis par la concentration d’une forte population d’artisans. 

• ici Mayenne : Le PMU a-t-il toujours autant de succès ? 

•• Gaspard Jaboulay : Ils accueillent 10 % de la population française par semaine. Pour vous donner un ordre de grandeur, c’est 7 % dans les restaurants McDonald’s. Donc l’indice de fréquentation est plus important. On parle aussi de 14 000 points de vente, un indicateur intéressant si on le compare au nombre de bureaux de poste qui est de 7000, soit deux fois moins. 

• ici Mayenne : Parmi les personnes que vous avez interrogées, 17 % reconnaissent aller au fast-food 1 à 2 fois par mois. C’est seulement 7 % pour les PMU. Ces chaînes gagnent-elles du terrain-là où les PMU en perdent ?

•• Gaspard Jaboulay : Ce ne sont pas exactement les mêmes modes de sociabilité et les mêmes objectifs qu’on recherche. Les restaurants McDonald’s ont une fonction d’alimentation précise. Ce qui surprend avec les PMU, c’est plutôt le côté multifonctions. En termes d’ambiance et de capacité d’accueil, dans les deux cas, on nous parle beaucoup d’un esprit d’ouverture, d’un accueil très important et très marqué dans le cas des PMU. Pour autant, on n’y va pas tout à fait pour les mêmes raisons, donc je trouve que c’est un peu compliqué de les comparer du point de vue des motivations. 

• ici Mayenne : Le profil des clients que vous avez interrogés évolue-t-il ou ce sont les mêmes clients qui viennent dans les PMU ?

•• Gaspard Jaboulay : On constate que ce ne sont pas les mêmes clients. D’abord, on a plusieurs typologies de clients qui cohabitent au sein d’un même PMU. C’est ce qui fait que les PMU sont des espaces d’investigation intéressants.

On va avoir par exemple les petites clientèles turfistes, plus matinales, qui mettent les courses à l’étude, alors que l’après-midi, on va avoir une clientèle plus sport qui va suivre les courses notamment pour le côté événement spectacle, un peu sur le mode du match de foot.

On se rend compte aussi que les PMU ont un rôle extrêmement important pour les personnes esseulées ou désoeuvrées. Ce sont des établissements qui accueillent beaucoup de retraités et énormément de publics issus de l’immigration. Ce sont des points de chute intéressants parce qu’on peut y rester longtemps en consommant assez peu et on peut y rencontrer du monde. Donc quand on arrive dans un nouvel endroit, c’est souvent le bar PMU qui fait office de point de repère et de point de départ pour s’intégrer dans un nouvel environnement. 

 • ici Mayenne : Concernant l’emplacement, les PMU des grandes villes attirent-ils autant de monde que ceux qui sont implantés dans des villages ?

•• Gaspard Jaboulay : Les PMU ont plusieurs fonctions dans les grandes villes. Cela peut être une manière de rester dans les centres urbains. Quand on habite en banlieue, le PMU est un endroit où on peut rester assis longtemps avec une consommation relativement faible. Dans les communes rurales, ça va être une manière de se retrouver dans des configurations d’habitat dispersé. Ce qui va permettre d’apporter du contact, de la convivialité, de la mise en relation d’individus qui n’habitent pas les uns à côté des autres comme en ville. 

• ici Mayenne : On voit que certains tentent d’essayer de moderniser leur image parce que ce cliché de lieu un peu vieillot leur colle toujours à la peau …

•• Gaspard Jaboulay : C’est vrai, il y a cette idée qu’il y a un côté un peu vieillot. Il n’empêche que les clients qu’on a rencontrés sont très attachés à l’ambiance PMU telle qu’elle existe aujourd’hui. Donc, en dépit des tentatives de modernisation, il y a quand même un attachement au PMU traditionnel. Là où on perçoit des efforts, c’est pour accueillir plus de femmes. On se rend compte qu’elles sont aujourd’hui assez peu nombreuses dans les publics qui fréquentent les PMU.

Et on a rencontré beaucoup de gérants qui mettent tout en œuvre pour diversifier leur clientèle et notamment la féminiser. Dans les communes rurales, ça va être une manière de se retrouver dans des configurations d’habitat dispersé. Ce qui va permettre d’apporter du contact, de la convivialité, de la mise en relation d’individus qui n’habitent pas les uns à côté des autres comme en ville.

• ici Mayenne : On voit que certains tentent d’essayer de moderniser leur image parce que ce cliché de lieu un peu vieillot leur colle toujours à la peau…

•• Gaspard Jaboulay : C’est vrai, il y a cette idée qu’il y a un côté un peu vieillot. Il n’empêche que les clients qu’on a rencontrés sont très attachés à l’ambiance PMU telle qu’elle existe aujourd’hui. Donc, en dépit des tentatives de modernisation, il y a quand même un attachement au PMU traditionnel. Là où on perçoit des efforts, c’est pour accueillir plus de femmes. On se rend compte qu’elles sont aujourd’hui assez peu nombreuses dans les publics qui fréquentent les PMU. Et on a rencontré beaucoup de gérants qui mettent tout en œuvre pour diversifier leur clientèle et notamment la féminiser.