Espace de paris hippiques et lieu de vie, le bar PMU est un endroit emblématique de notre société, que dévoile comme jamais une enquête de l’Ifop et de la fondation Jean-Jaurès (voir 18 mars). Sa directrice générale, Emmanuelle Malecaze-Doublet (voir 7 mars) décrypte le phénomène pour Le Midi Libre.
Car ce sont six millions de Français qui, au moins une fois par semaine, se rendent dans un bar PMU (café qui fait parfois aussi office de restaurant et, ou, de bureau de tabac), soit 11 % de la population.
« Et comme personne ne s’était vraiment jamais penché sur ce qui se passe réellement au quotidien dans ces commerces, il y a quelques mois, on a décidé de confier à l’Ifop et à la Fondation Jean-Jaurès cette étude. En leur donnant carte blanche, en leur disant juste que vous allez dans les bars PMU, on vous ouvre les portes de nos points de vente partout en France » confie-t-elle.
Et d’apprécier l’image des PMU que l’étude a renvoyé en miroir. Comme « des lieux de paris et d’émotion autour des courses », et, dans le même mouvement, « des salles de décompression où on vient retrouver ses camarades, ce sont des lieux de convivialité, avec des codes rassurants, il y a une chaleur humaine où on se tutoie, il y a un vrai esprit d’entraide ».
Elle complète : « C’est très intéressant, car on n’avait jamais vraiment mis les mots là-dessus. Comme sur le fait qu’il s’agit aussi d’un espace démocratique, où on lit la presse quotidienne régionale, on débat, dans la vraie vie, sur des sujets société. Alors que c’est l’ADN du PMU ».
Autant de clés pour expliquer le succès persistant, voire exponentiel des PMU : « 14 000 PMU, c’est notre niveau record, oui. On compte à peu près 1 000 ouvertures par an, on en perd 500, 600 aussi, bien sûr, mais on est sur 300 à 400 ouvertures par an en net. La raison de cet engouement ? Après le Covid, dans le contexte actuel, les gens ont encore davantage besoin de se retrouver, j’en suis convaincue. C’est mon combat ».
Elle ajoute ne pas perdre de vue que « la mission du PMU, c’est de faire vivre cette filière du cheval qui est 40 000 emplois agricoles. Mais moi, et les équipes du PMU, ce qui nous porte énormément au quotidien, c’est cet aspect du lien social. »
Car ainsi que le rappelle Emmanuelle Malecaze-Doublet, le PMU, c’est aussi un groupement d’intérêts économiques, à but non lucratif, qui génère « 835 millions de résultat net par an. Et on reverse 100 % à la filière » (voir aussi 7 mars). Autrement dit, une entreprise rentable, peu perméable aux changements de modes, avec, de fait, « un côté intemporel. Un espace citoyen dont notre société a de plus en plus besoin ». Illustration : Midi Libre