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1 Nov 2021 | Vapotage
 

En amont de la COP 9 qui se déroulera en ligne, en raison de la Covid, du 8 au 13 novembre prochain (voir 29 avril 2020), le débat s’échauffe …

Sur le site Génération sans Tabac, la tribune des 100 experts indépendants, médecins, chercheurs et scientifiques – interpellant l’OMS et les participants à la convention-cadre sur les alternatives à la cigarette dans les moyens de lutte contre le tabagisme (voir 25 octobre 2021)  – est qualifié de « fronde » utilisant « des arguments très similaires à l’industrie du tabac ». Nous en reproduisons l’essentiel.

•• « Les Conférences des Parties sont ainsi prises pour cible par de petits groupes de fumeurs ou de vapoteurs, le plus souvent liés à l’industrie du tabac, qui manifestent et communiquent abondamment autour de l’événement pour réclamer des assouplissements ou l’ouverture à des produits dits de réduction des risques.

Cette année, c’est sous la forme d’une lettre ouverte signée par cent « spécialistes » qu’est attaquée la CCLAT. Conduit par Clive Bates, un ancien dirigeant d’Action on Smoking and Health-UK (ASH-UK, de 1997 à 2003) devenu depuis un allié de l’industrie du tabac avec son site The Counterfactual, ce groupe d’experts s’insurge contre ce qu’il considère comme une vision trop restrictive de la lutte contre le tabagisme et souhaite qu’y soient intégrés les nombreux produits de tabac et de la nicotine sans fumée promus par les industriels du tabac.

 S’appuyant sur des études financées par l’industrie du tabac qui entendent démontrer l’intérêt de ces produits sans fumée, la lettre ouverte défend l’idée d’introduire la notion de réduction des risques et plaide notamment pour intégrer les cigarettes électroniques et les dispositifs de tabac chauffé/grillé parmi les outils de lutte contre le tabagisme. Reprenant de nombreux arguments de l’industrie du tabac, la lettre s’en prend ouvertement à l’OMS, soupçonnée d’immobilisme sur les produits de vapotage et d’entrave à la santé publique en s’opposant à la politique dite de réduction des risques.

•• Bien que s’affichant comme indépendant de l’industrie du tabac et « prudent » vis-à-vis d’elle, le groupe de signataires reprend nombre de ses arguments typiques, en particulier ceux défendant le tabac chauffé/grillé. La défense du tabac chauffé/grillé est pourtant l’une des signatures indiquant la présence de l’industrie du tabac, qui promeut intensément ces produits dont elle tire des bénéfices bien plus importants que ceux du tabac fumé.

Une certaine confusion est d’ailleurs alimentée en mettant ces produits sur le même pied que la cigarette électronique, dont les émissions toxiques sont pourtant nettement moindres. 

•• La lettre reprend également un glissement souvent opéré par les industriels du tabac entre « risques réduits », démontrés dans le cas du vapotage, et « risques modifiés », qui caractérisent le tabac chauffé/grillé, dont les émissions contiennent nettement plus de particules toxiques et sont plus proches de celles des cigarettes fumées.

Elle procède par ailleurs à des interprétations de données, en considérant par exemple que la baisse du tabagisme au Japon serait due à l’apparition des dispositifs de tabac chauffé/grillé, et non aux efforts de la lutte antitabac ou à la tendance globale de désintérêt vis-à-vis de la cigarette dans les pays industrialisés.

L’examen de la liste des signataires montre par ailleurs qu’elle contient peu de professionnels de la tabacologie, les recrutements se réalisant plutôt dans les secteurs de l’addictologie et de la santé publique. Les seuls Français présents dans cette liste sont les Dr Philippe Arvers et Jacques Le Houezec.

•• Enfin, la CCLAT n’est pas imperméable à l’idée de réduire les risques, comme l’indique son article 1d, à condition de respecter un certain ordre de priorité.

La hiérarchie des conseils conduirait à tout d’abord éviter l’entrée dans le tabagisme, puis à inciter les fumeurs à stopper complètement leur consommation de tabac et, en dernier recours et sous condition de respecter les deux principes précédents, à inciter ces fumeurs en difficulté à recourir à une option de réduction des risques.

Cet ordre de priorité fait aussi partie des arguments détournés par Philip Morris International dans ses communications, comme l’est l’ensemble du discours de réduction des risques ; à cette nuance sensible que la multinationale du tabac s’en sert pour promouvoir ses produits sans fumée auprès des adolescents et des jeunes, et que ses actes sont souvent très éloignés de ses discours. »