Réintroduits dans la capitale en 2018 après la fermeture des sulfureux cercles parisiens, les clubs de jeux semblent avoir trouvé leur place, sous l’étroite surveillance des pouvoirs publics (voir 3 janvier et 31 juillet 2018, 1er janvier et 13 septembre 2019).
Mais pour combien de temps encore ? Depuis sept ans, leur avenir est en sursis, dans la mesure où leur activité fait toujours l’objet d’une expérimentation que le budget 2025 prévoit de prolonger d’un an.
•• Selon Les Échos, l’espoir d’une pérennisation, qui aurait légalement dû intervenir avant la fin de l’année, s’est heurté à la crise politique des derniers mois. La prolongation de l’expérimentation « est donc un plan B, puisqu’il doit obligatoirement y avoir une loi dédiée. Dans la Loi de Finances, cela aurait pu être considéré comme un cavalier », résume Philippe Bon, délégué général du syndicat Casinos de France.
Le secteur accueille toutefois la nouvelle comme une bouffée d’oxygène. Mais pour autant d’autres menaces sont apparues. S’il ne figure pas dans les textes présentés par le Gouvernement la semaine dernière, un projet d’alourdissement de la fiscalité du secteur des jeux d’argent pourrait s’inviter dans les débats parlementaires.
Pour les clubs de jeux, jusqu’ici exemptés de toute cotisation sociale, la facture pourrait être salée, puisque le texte consulté par Les Échos prévoit un prélèvement de 10 % du produit brut des jeux (voir 4 octobre). « Intenable » … répondent en chœur les patrons d’établissements parisiens, qui peinent déjà à équilibrer leur modèle.
•• De fait, les clubs de jeux, situés dans les beaux quartiers parisiens, doivent composer avec d’importantes contraintes.
Outre des loyers élevés, les coûts de personnel (croupiers, caissiers, agents de sécurité) sont proportionnellement supérieurs à un casino classique, puisque leur statut ne leur permet pas de proposer de machines à sous électroniques, seulement certains jeux de table. « En l’état actuel, le modèle économique ne fonctionne pas. On lutte pour atteindre le point d’équilibre », reconnaît lui aussi Sébastien Tranchant, qui dirige le Paris-Elysées Club, dans le 8ème arrondissement.
Pour sortir la tête de l’eau, le secteur souhaite obtenir l’autorisation de la roulette, jeu très populaire auprès des étrangers ou des groupes d’amis, et globalement plus rentable. Une revendication à laquelle le nouveau Gouvernement pourrait être sensible. « L’allongement de l’expérimentation va permettre de finaliser les conditions de pérennisation de ces clubs », indique-t-on du côté du ministère de l’Intérieur, qui exerce la tutelle des casinos et clubs de jeux.
Quant à la roulette, « il n’y a pas d’opposition à son déploiement, les conditions juridiques doivent être prises ». Reste à savoir quand : si le statut expérimental des clubs ne permet pas, a priori, de changer les règles en cours de route, les clubs avaient déjà obtenu le droit de proposer le black jack en 2022 (voir aussi 22 février 2024).