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3 Jan 2018 | Observatoire
 

Ce ne seront pas des casinos, mais trois ou quatre « clubs de jeux » qui vont très prochainement ouvrir à Paris. Ceci, en vertu d’une nouvelle réglementation, sur les jeux dans la capitale, entrée en vigueur ce 1er janvier. On pourra y jouer au poker, au baccara, au mah-jong mais aussi aux paris sportifs ou hippiques.

•• Tout cela vient de la disparition des fameux « cercles de jeux » parisiens où nombre d’amateurs se sont défaits puis éventuellement refaits, au poker ou au baccara, lors de parties dont le produit suscitait bien des convoitises et ne rentrait pas forcément dans un circuit fiscal normal … À une époque, la capitale intra-muros a compté une quinzaine de clubs de ce type, les casinos y étant interdits depuis 1920 (le casino le plus proche est celui d’Enghien-les-Bains, en banlieue Nord ; c’est aussi le plus important de France).

Ces cercles ont d’ailleurs quasiment tous fermé sous le poids des fermetures administratives, des procédures pour blanchiment et autres scandales. Leur fin légale est inscrite pour le 31 décembre 2018. Seul subsiste le pittoresque Cercle Clichy-Montmartre qui est donc forcé d’évoluer.

•• La nouvelle réglementation fixe, par conséquent, un cadre retravaillé pour éviter la multiplication des jeux clandestins – les vrais amateurs savent que cela ne manque pas -et assurer des recettes fiscales, toujours utiles à la municipalité parisienne.

Comme pour les fumeurs, ce n’est pas faute de lieu pour jouer que les joueurs arrêtent. D’autant que la vague des jeux en ligne produit une nouvelle clientèle tentée par le « jeu en dur, pour de vrai ».

Cette réglementation – adoptée dans le cadre de la loi réformant le statut de Paris et préparée dans un rapport du préfet Jean-Pierre Deport (voir Lmdt du 23 août 2015) – crée des « clubs de jeux » à partir de sociétés commerciales soumises à des règles strictes.

Mais le texte présente autant de limites que d’opportunités :

• le nouveau cadre est expérimental jusqu’à la fin 2020 ;
• ni roulette, ni black-jack, donc rien de comparable avec un casino ;
• sont autorisées diverses formes de poker et de baccara, le mah-jong, le billard multicolore, le punto banco ;
• et comme il faut quand même multiplier les leviers d’attraction : des points de paris sportifs ou hippiques ainsi que de loteries peuvent y être installés.

À noter que la fiscalité, lourde (une partie retourne à la ville de Paris), est cependant plus avantageuse que pour les casinos : le prélèvement allant de 5 %, pour un produit net des jeux (après abattement de 30 %) inférieur à 100 000 euros, à 70 % au-delà de 11,5 millions d’euros.

•• Les premiers dossiers de candidatures à l’ouverture de ces clubs vont être examinés le 23 janvier par la Commission consultative des Jeux, avant autorisation du ministère de l’Intérieur.

Des ouvertures pouvant être envisagées pour le printemps. Les investissements seront lourds. Un professionnel parle d’un « ticket d’entrée d’au moins 3 à 4 millions » ; un autre « d’une dizaine de millions » (Le Monde du 30 décembre).

•• Sont en lice (du moins officiellement) :

•  le groupe Tranchant (numéro 4 des casinos en France) qui compte installer un « club de jeu » rue Marbeuf, près des Champs-Elysées dans une ancienne boite de nuit, et en y intégrant un bar, un restaurant ainsi que des animations. D’ailleurs, « l’entrepreneur de la nuit », Laurent de Gourcuff, serait associé à l’opération. Notons qu’AccorHotels est actionnaire de Noctis, le groupe de ce dernier.

• le groupe Partouche (numéro 2 des casinos) travaille sur un projet dans le même quartier, où il possède le restaurant Laurent.

• le groupe Barrière (numéro 1 des casinos, notamment grâce à Enghien) viserait également les Champs-Élysées. Pas loin de son Fouquet’ s ?

• le groupe Raineau (trois casinos en France et plusieurs à l’étranger) a opté pour un lieu dans le 13ème arrondissement, en visant clairement une clientèle d’origine asiatique.

•• Quid de l’offre complémentaire sur les paris et la loterie qui pourrait réglementairement être présente dans ces clubs de jeux parisiens ?

Les Échos du 2 janvier en dit un peu plus. Le PMU « envisage d’intégrer son offre de paris hippiques à ces nouveaux lieux, tout en précisant qu’il n’y a rien de formel à ce stade. »

Quant à la FDJ, « elle pourrait étudier l’opportunité de proposer des jeux dans le cadre du développement de son réseau physique. »

À suivre. Mais le paysage des jeux, dans Paris, est en train de changer.