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24 Sep 2016 | Profession
 

TaxesL’annonce de nouvelles taxes sur le tabac par Marisol Touraine et Christian Eckert (voir Lmdt du 23 septembre) a suscité de multiples commentaires. Synthèse des plus significatifs.

CONFÉDÉRATION DES BURALISTES : « un coup de poignard dans le dos des buralistes »

« Les déclarations matinales de Marisol Touraine – hausse de la fiscalité sur le tabac à rouler et taxe sur le chiffre d’affaires « des distributeurs de tabac » (Logista) – sont considérées comme un nouveau coup de poignard porté dans le dos des buralistes.

En effet, les buralistes ont vécu suffisamment de mauvaises expériences pour savoir que ces annonces vont inévitablement entraîner de nouvelles augmentations des prix du tabac dès le début de l’année 2017.

Ces annonces s’ajoutent aux difficultés contextuelles auxquelles doivent faire face les buralistes :
 l’arrivée du paquet neutre dans les linéaires de la profession, d’ici la fin de l’année, avec son lot de complications quotidiennes ;
 un marché parallèle du tabac qui représente 27 % de la consommation nationale : c’est aujourd’hui plus d’une cigarette sur quatre qui est achetée en dehors du réseau officiel de vente.

Par ailleurs, ces annonces de la Ministre de la Santé interviennent alors que les négociations du Contrat d’avenir, entre l’État et les buralistes, viennent de commencer et qu’elles s’annoncent très dures.

D’où la réaction de Pascal Montredon, Président de la Confédération des buralistes, qui s’insurge : « Il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’un nouveau coup de poignard dans le dos des buralistes ! Ces mesures mettent en péril 2 à 3 000 buralistes en les menaçant de disparition l’an prochain ».

 « Et à quand le tabac vendu par les fleuristes et les Monoprix ? Parce que nous en prenons tout droit le chemin ! » ajoute le Président des buralistes.

C’est dans ce contexte que les présidents des chambres syndicales départementales des buralistes se réuniront, mercredi prochain à Paris ». 

ANTI-TABAC

• Michèle Delaunay (Alliance contre le Tabac) rappelle sur Twitter « qu’à chaque loi de finances, j’ai bataillé pour cette augmentation du tabac à rouler. La fin d’un piège pour l’addiction des jeunes ».

• Yves Martinet (Comité national contre le Tabagisme) déclare, après avoir salué la décision du Gouvernement : « cette mesure s’inscrit en cohérence avec les mesures fortes du Plan national de Réduction du Tabagisme de Prévention et d’ Aide à l’ Arrêt du Tabac (paquet neutre, suivi et traçabilité des produits du tabac, suppression des arômes attractifs, etc.) ». Et il propose, dans son communiqué, qu’une partie de ces recettes fiscales soit affectée à la mise en œuvre de l’ensemble de ces mesures afin de protéger les générations actuelles et futures.

• Bertrand Dautzenberg (Paris sans tabac). La taxe sur la distribution « est une très bonne avancée, tout comme la hausse des taxes sur le tabac à rouler, qui va permettre un rattrapage nécessaire » (AFP). « Se rouler une cigarette, ça revient à 15 centimes d’euro. Fumer une cigarette industrielle, à 40 centimes d’euro. Si on voulait vraiment que le prix soit le même, il faut augmenter de 300 % » (RMC).

FABRICANTS

• AFTF (Association des Fournisseurs de Tabac à Fumer) : « vers une hausse du commerce illicite »

« Le Gouvernement, selon une information des Échos, souhaiterait augmenter la fiscalité du tabac à rouler afin d’augmenter le prix moyen d’une blague de 30 grammes de 7,50 à 8,60 euros.

Si elle est avérée, cette hausse inconsidérée aura deux impacts négatifs directs :
. une hausse du commerce illicite sans effet positif sur la santé publique
. une baisse du pouvoir d’achat d’une partie des français et des recettes fiscales de l’État.

Les consommateurs, en 2017, se rendront encore plus nombreux à l’étranger – lors de leurs déplacements professionnels ou touristiques – pour acheter du tabac à rouler moins cher, avec les marques de tabac non neutre, comme à chaque augmentation forte et inconsidérée de prix.

L’Association des Fournisseurs de Tabac à Fumer (AFTF) s’étonne que d’un côté le Ministre de l’Économie et des Finances annonce lors d’une émission sur RTL dimanche dernier qu’« il n’y aura pas d’augmentation de taxe sur le tabac en 2017 », de l’autre côté la Ministre de la Santé prépare l’adoption, lors du prochain examen au Parlement du PLFSS pour 2017, d’une augmentation de la fiscalité du tabac à rouler.

L’AFTF rappelle que pour le tabac les prix sont libres en France comme en Europe, et qu’il ne peut y avoir de contrôle des prix. La volonté du Ministère de la Santé d’augmenter de 17 % la fiscalité du tabac à rouler ne permettra d’ailleurs pas d’obtenir une recette de 120 millions d’euros supplémentaire pour financer la Sécurité sociale comme annoncé dans la presse.

En effet, cette hypothèse gouvernementale a été calculée sur la base de la valeur des ventes du tabac à rouler pour l’année 2015 sans prendre en compte la baisse des volumes pour l’année 2017 en raison de l’augmentation brutale de 1,10 € la blague de 30 grammes.

Enfin, il faut respecter une proportionnalité fiscale avec la cigarette, car un consommateur n’achète pas que le tabac à rouler mais également les filtres et papier. Au moment où le Gouvernement négocie le 4ème Contrat d’avenir des buralistes avec la Confédération des buralistes, en prenant en compte l’arrivée des paquets neutres pour les cigarettes et le tabac à rouler, cette augmentation brutale déstabilisera encore plus ce réseau de proximité en détournant une large partie de sa clientèle vers les réseaux parallèles.

Seule une hausse raisonnable est possible pour le maintien du réseau des buralistes, la lutte contre le commerce illicite et les objectifs de santé publique de l’État ».

• JTI : « une augmentation déguisée des prix »

« En annonçant une hausse de la taxe sur le tabac à rouler ainsi qu’une taxe sur les fabricants de tabac, le Gouvernement annonce finalement une augmentation déguisée des prix du tabac.

Toutes les hausses de taxe seront répercutées dans les prix des cigarettes et du tabac à rouler, qui vont augmenter de l’ordre de 1 euro.

Madame Touraine ne va pas renflouer les caisses de la sécurité sociale mais celles du Luxembourg et de la Belgique où les prix du tabac seront 50% moins chers qu’en France et sans paquet neutre ».

• British American Tobacco : « une annonce surprise »

« C’est une annonce surprise que nous ne comprenons pas et qui est complètement contradictoire avec les propos de Michel Sapin il y a cinq jours (voir Lmdt du 18 septembre) qui, lui, assurait qu’il n’était pas question d’augmenter les taxes sur le tabac » déplore Éric Sensi-Minautier, directeur des affaires publiques de British American Tobacco.

• Seita : « surenchère fiscale »

Seita (Imperial Tobacco) déplore elle une « surenchère fiscale » avec « cette contribution additionnelle sur le chiffre d’affaires à la charge des fabricants qui représente en réalité une hausse déguisée des prix du tabac ».