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15 Fév 2022 | Observatoire
 

Les mairies de Lyon et de Paris ne voient pas d’un bon œil la prolifération du « quick commerce » spécialisé dans la livraison de courses en moins de quinze minutes depuis des locaux fermés au public et implantés au cœur des villes. Elles ont commencé à taper du poing sur la table malgré des outils juridiques encore limités, selon Les Échos (voir 4 novembre 2021). 

À Lyon, la mairie a fait savoir lors du conseil municipal de décembre qu’elle refuserait l’implantation d’un « dark store » . Au motif, a justifié Camille Augey, l’adjointe chargée du commerce, que « la catégorisation comme entrepôt de cette activité n’est pas compatible » avec le plan local d’urbanisme et d’habitat à cet endroit.

•• Cible numéro un des opérateurs français et étrangers qui déferlent sur ce marché, la capitale abriterait plus de 70 « dark stores », selon la mairie de Paris. Celle-ci a dressé ces derniers mois 12 procès-verbaux pour ceux n’ayant pas fait l’objet d’une déclaration préalable de changement de destination en entrepôts comme exigé par le code de l’urbanisme, indique Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la maire en charge de l’urbanisme. « Nous ne sommes pas là pour interdire, mais pour réguler, car les effets négatifs sont grands, trop grands » avait prévenu l’élu parisien (voir 2 janvier 2022).

Il invoque notamment la concurrence « déloyale » que représenteraient pour le commerce traditionnel ces plateformes ayant pour certaines réalisé de gigantesques levées de fonds. Ne voulant pas « d’une ville-entrepôt, sans vitrines », Camille Augey évoque aussi des « nuisances sur l’espace public du fait des allées et venues de livraisons, et les problèmes de sécurité qui vont avec ».

•• La ville de Paris en appelle désormais au législateur. « Nous avons demandé au gouvernement que les communes puissent disposer d’un droit plus formel pour réguler. Nous voulons avoir un pouvoir réglementaire permettant de conditionner l’installation de dark stores à un certain nombre de critères », explique Emmanuel Grégoire.

Gorillas (voir 8 novembre 2021) dit être « bien conscient que le développement de notre activité peut poser de nombreuses questions réglementaires et d’urbanisme » et assure « avoir aussi engagé depuis plusieurs mois un dialogue avec les pouvoirs publics dans le cadre des Assises du commerce sous l’égide de Bercy ». La mairie de Paris doit rencontrer les acteurs du secteur début mars.

•• À Rouen, la mairie vient, elle, de se doter d’un droit de préemption commercial qu’elle pourra exercer à l’intérieur d’un périmètre de sauvegarde du commerce et de l’artisanat.

Elle n’hésitera pas à racheter des locaux commerciaux pour éviter qu’ils ne deviennent des « dark kitchens », ces cuisines dédiées à la livraison à domicile. « Ce n’est pas notre vision du commerce de proximité. L’enjeu, c’est de préserver notre centre-ville » prévient Sileymane Sow, l’adjoint au commerce et à l’économie.