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17 Fév 2022 | Institutions, Observatoire
 

Malgré l’interdiction de vente de jeux d’argent et de hasard aux mineurs dans les bureaux de tabac et sur internet, plus d’un tiers d’entre eux jouent, avec des pratiques à risques pour une part croissante de ces jeunes, révèle une enquête.

C’est ainsi que débute une dépêche AFP, signée Rébecca Frasquet, que nous reprenons dans son intégralité.

•• Commandée par l’Autorité nationale des jeux (ANJ / voir 24 août et 12 juillet 2021) à l’association Sedap (Société d’entraide et d’action psychologique), cette enquête réalisée auprès de 5 000 jeunes de 15 à 17 ans révèle que 34,8 % d’entre eux étaient joueurs en 2021, depuis l’âge de 13,3 ans en moyenne, une pratique « un peu plus marquée chez les garçons » et « répandue dans tous les milieux socioculturels ».

La protection des mineurs a beau être une priorité de santé publique, la part des joueurs dits « problématiques » – c’est-à-dire à risque soit modéré, soit excessif de perdre le contrôle de leur pratique – au sein des jeunes joueurs de 15 à 17 ans a plus que triplé : passant de 11 % en 2014 à 34,8 % l’an dernier. Rapporté à la population générale, cela représente plus d’un jeune Français sur dix (12,1 %) âgé de 15 à 17 ans.

•• Parmi les joueurs sondés, les adeptes des jeux de loterie ou de tirage ont peu de comportements à risque, alors que les joueurs « excessifs » pratiquent déjà divers jeux en ligne, légaux ou illégaux : machines à sous ou jeux de casino en ligne, paris sur des compétitions esport – interdits en France -, paris financiers, poker …

Ces joueurs problématiques déclarent « être retournés (jouer) un autre jour pour se refaire », avoir « misé plus d’argent » qu’ils ne pouvaient « se permettre de perdre » et avoir « besoin de miser de plus en plus d’argent pour avoir la même excitation ». Ils ont « vendu quelque chose ou emprunté pour obtenir l’argent pour jouer » et le jeu leur a causé « des problèmes de santé dont stress ou angoisse », voire « des difficultés financières ».

•• Et alors que la publicité pousse à jouer nombre de jeunes, certains déclarent « être submergés » par les spots publicitaires et contenus sponsorisés de Winamax, la Française des jeux (Loto, Euromillion, Illiko, Parions Sport) suivis par ceux de Betclic, PMU, Zebet et Poker Starsk, notamment sur Snapchat, Instagram ou Twitch, des applications musicales ou des jeux de téléphone.

Un « recours massif à des influenceurs -pronostiqueurs, influenceurs de la TV-réalité, rappeurs », assure la promotion de sites de pronostics ou de paris sportifs tels Winamax, Betclic, Unibet, Vbet, Zebet. Ce matraquage publicitaire renforce les croyances des jeunes autour du gain : « cela me permet d’imaginer ce que je pourrais acheter avec mes gains », disent-ils.

•• Sept jeunes sur dix savent que la vente des jeux d’argent leur est interdite, mais plus de la moitié jugent « très ou assez facile » de jouer à des cartes à gratter, participer à des tirages ou miser sur des paris sportifs chez un buraliste, pourtant tenu de vérifier que leurs clients sont majeurs.

Parmi les jeunes joueurs, 45,7 % jouent avec leur mère et 35,7 % avec leur père.

Or « plus le jeu d’argent et de hasard est précoce, plus le risque d’addiction est grand », souligne Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’Autorité nationale des jeux (ANJ), organisme qui a demandé fin janvier aux opérateurs de jeux d’argent agréés de renforcer la protection des mineurs.

« Ils doivent mettre à disposition des logiciels de contrôle parental, renforcer l’information sur l’interdiction aux mineurs, sur tous les supports de jeu et de communication, ainsi que leurs dispositifs de contrôle d’identité. La FDJ notamment doit encore renforcer les contrôles de ses points de vente et prévoir des sanctions plus strictes dès les premiers manquements constatés », affirme Morgane Austruy, en charge de la protection des mineurs à l’ANJ.

Mercredi la FDJ a promis 2 000 contrôles cette année et des « sanctions » pour les « détaillants pris en flagrant délit » : ils verront leur agrément suspendu pendant « 15 jours », a annoncé sa PDG Stéphane Pallez (voir 16 février 2022 ).

L’ANJ doit bientôt publier des lignes directrices pour encadrer les pratiques publicitaires des opérateurs de jeux.