« Les puffs, ces cigarettes électroniques jetables, sont-elles dangereuses ? ». À son tour, l’hebdomadaire Marianne se pose la question.
Le 14 février, invité de franceinfo, le ministre de la Santé a relancé la charge contre les puffs. « C‘est un mode d’entrée dans le tabac », s’est inquiété François Braun à propos de ces cigarettes électroniques jetables très populaires chez les adolescents (voir aussi 13 décembre et 21 novembre 2022).
Selon une étude de l’Alliance contre le tabac d’août 2022, 13 % des 13-16 ans ont déjà essayé ces petites vapoteuses aux coloris ludiques et aux arômes variés, allant de la pastèque au marshmallow. Et ce, alors qu’elles sont arrivées sur le marché français il y a à peine deux ans.
•• Commercialisées sous une vingtaine de marques, aussi bien chez les buralistes qu’en ligne, elles offrent chacune environ 500 bouffées pour un prix oscillant autour de dix euros (…) Si les cigarettes électroniques, quelles qu’elles soient, peuvent aider les consommateurs de tabac à cesser de fumer, les puffs suscitent l’inquiétude des professionnels de la santé.
Et ce, en raison de leur aspect festif et attrayant, qui cible particulièrement les adolescents. Pour l’Académie de médecine, pas de doute, ces petits gadgets constituent « un piège particulièrement sournois pour les enfants ».
L’institution a publié un communiqué qui invite à limiter leur usage aux fumeurs de tabac désireux d’en finir avec leur pratique addictive (voir 2 mars 2023). Car, pour les ados, les puffs pourraient représenter « un nouveau mode d’entrée dans l’addiction à la cigarette », en suscitant un « phénomène de dépendance au geste de vapotage. »
D’autant plus que certaines de ces cigarettes jetables, qui ont fait l’objet d’intenses campagnes de communication à destination des jeunes sur les réseaux sociaux, contiennent de la nicotine, une substance hautement addictive que l’on retrouve dans les cigarettes classiques.
•• Selon l’étude de l’Alliance contre le tabac, 28 % des adolescents qui utilisent la puff se sont initiés à la nicotine à travers ce produit. Si vapoter une puff de manière isolée ne présente a priori pas de risque immédiat, c’est surtout leur aspect attractif qui les rend dangereuses, notamment en offrant aux jeunes un premier contact avec la nicotine.
L’addictologue William Lowenstein, président de l’association Sos Addictions, distingue, lui, le vapotage classique des puffs aux « taux de nicotine non régulés ». Malgré leur apparence ludique, certaines en contiennent à des doses relativement élevées. « C’est du pur cynisme marketing », s’indigne-t-il, en soulignant également « la catastrophe écologique » que représentent ces produits constitués de plastique et contenant une batterie au lithium.
Dans son communiqué, l’Académie de médecine invite à « renforcer la réglementation visant à protéger les enfants et les adolescents de la puff », grâce à une « fiscalité accrue », un « contrôle renforcé de l’interdiction de la vente aux mineurs » ou « l’imposition d’un packaging neutre ».