Philippe Coy était ce vendredi 30 août en déplacement au Pays basque, « pour rencontrer des buralistes exposés à l’exode fiscal des fumeurs vers l’Espagne » (voir 30 août et 1er septembre).
L’occasion pour lui de tirer, une nouvelle fois, la sonnette d’alarme concernant la situation de la profession, en proie « à une inquiétude de plus en plus vive ». Il demande un « moratoire fiscal » pour geler le prix du tabac, tout en continuant la lutte contre le trafic de cigarettes. Compte-rendu de La République des Pyrénées.
•• Soulignant d’abord le constat « amer et déceptif » qu’il tire de la saison estivale – avec « peu de touristes » – Philippe Coy a mis en lumière une « inquiétude de plus en plus vive » chez les buralistes.
« Au niveau européen, la France affiche le prix de tabac le plus élevé. Nos consommateurs et le peu de touristes qu’il y a eu durant la période estivale ont eu vite fait d’aller acheter leurs cigarettes de l’autre côté des Pyrénées. Les chiffres sont éloquents : sur le début de l’année, les Pyrénées-Atlantiques sont l’un des départements qui affichent la baisse de volume de tabac vendu la plus forte, avec -12,7 %, contre -12 % au niveau national ».
Il a appuyé sa déclaration avec des « chiffres d’affaires espagnols » : « le message est sans appel. Les zones frontalières espagnoles affichent une augmentation de vente de tabac comprise entre plus de 10 % (notamment en Navarre et Pays basque espagnol) jusqu’à 20 % côté Catalogne. Donc les +10 % espagnols correspondent à peu près à notre -12,7 %, en Pyrénées-Atlantiques. Alors que dans le centre du pays espagnol, le marché stagne, voire baisse ».
•• Et d’ajouter : « C’est sans parler des autres façons d’obtenir du tabac illégalement. Bref, aujourd’hui, notre pays a la médaille d’or pour contourner le réseau légal de vente de tabac. Et ceci malgré le travail remarquable des forces de l’ordre (Douanes, Police, Gendarmerie), aux frontières et à l’intérieur du pays, pour endiguer ces trafics ».
Et de marteler : « Il y a vraiment une très vive inquiétude dans la profession. À un niveau jamais atteint. Beaucoup se posent la question de ce que sera fait leur lendemain. Une crainte qui se traduit concrètement, puisqu’on remarque désormais de plus en plus de buralistes qui retardent leur projet de transformation de leur commerce. Alors que l’intérêt reste pour notre démarche : depuis le début de l’année, 850 dossiers de transformation ont été ouverts, en France ».
Pour Philippe Coy, les buralistes ont besoin « au plus vite » d’un « moratoire fiscal » pour geler la fiscalité sur le tabac. Il pousse ainsi « un cri d’alerte », qu’il a d’ailleurs relayé ce jeudi 29 août à Paris, auprès de Thomas Cazenave, ministre des comptes publics démissionnaire.
« Le marché français a atteint son plafond de verre concernant le prix du tabac. Nous ne pouvons plus supporter la moindre hausse, au regard des tarifs pratiqués par les pays frontaliers (Espagne, Italie, Luxembourg), mais aussi au fait que les Français sont, aujourd’hui, dans une crise sociale et économique sans précédent. Autant de raisons qui empêchent d’avoir une visibilité sur l’avenir, ce qui est pourtant primordial pour un entrepreneur ».
Et de promettre : « dés qu’un nouveau gouvernement sera formé, j’irais toquer à la porte de Bercy pour porter nos demandes. Nous n’avons plus le choix, il faut agir, vite. D’autant plus que, en ces temps de disettes budgétaires, si tout le tabac consommé en France était acheté dans le réseau légal, l’État en tirerait 5 milliards d’euros de recettes fiscales ! ».