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27 Mai 2020 | Trafic
 

La fermeture des frontières a épuisé le marché de la contrebande de tabac et aiguisé l’appétit de malfaiteurs qui s’intéressent toujours aux cigarettes, selon une analyse du Parisien / Aujourd’hui en France de ce 26 mai que nous reprenons. 

•• Pour preuve, le récent braquage d’un camion de livraison de tabac à la sortie de la DRD de Lyon-Mions (voir 12 mai) : « le coup était bien monté. On sent que ce sont des gens qui savent monter au braquage et qui sont habitués à voler du fret » assure une source proche du dossier.

Le 6 mai déjà, dans le même secteur, un camion Logista avait échappé à une attaque en forçant le barrage mis en place par les braqueurs : « cela fait plusieurs années que l’on n’avait pas eu de vol à main armé sur les convoyeurs de tabac dans l’agglomération lyonnaise » souffle une source proche de l’enquête« C’est la preuve d’un intérêt grandissant des voyous pour les cigarettes, et c’est sans doute dû au confinement ».

•• « Les petits trafiquants qui rapportent des centaines de cartouches d’Espagne ou les gros contrebandiers qui importent des conteneurs entiers de cigarettes de contrefaçon, depuis les pays de l’Est ou le Maghreb, ont plus de mal à faire entrer le produit sur le territoire » constate un haut gradé de la gendarmerie, « trouver du tabac au marché noir devient donc plus difficile … »

•• Depuis le début du confinement, les buralistes ont constaté une relative recrudescence des ventes de tabac. « Cela montre que les Français qui sont habitués à acheter leurs cigarettes dans les marchés parallèles n’en trouvent plus » pense Philippe Coy. Et cette pénurie sur le marché noir, certains voyous tentent donc d’en tirer profit.

Au cours du mois d’avril, conscients de la valeur du tabac en cette période, cinq malfaiteurs se sont ainsi lancés dans les braquages de buralistes dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse ou le Gard (voir 29 avril). Au total, ils ont dérobé plus de 500 cartouches de cigarettes, revendues au tiers du prix légal.

« Ils ont réussi à les écouler très rapidement. Cela illustre bien la demande et la difficulté des vendeurs illégaux à s’approvisionner » assure un proche du dossier. Ces malfaiteurs « visaient uniquement le tabac. Ils attaquaient les commerces à l’ouverture, quand les buralistes ont encore un stock important. Ils ne s’intéressaient pas à la caisse ou aux jeux à gratter, juste aux cartouches de cigarettes ».

•• Si l’équipe a été stoppée, les braquages restent quotidiens en France, même s’ils sont souvent l’œuvre de petits voyous sans envergure. Selon Le Parisien, du 20 au 26 avril, au moins onze buralistes ont été attaqués. Et plus d’une centaine de braquages qui ont eu lieu dans des commerces de proximité du 16 mars au 3 mai, selon une source proche du dossier.

« Il faut aussi prendre en compte que les bureaux de tabac étaient pratiquement les seuls à être ouverts » tempère un enquêteur. « Ce sont plus des vols d’opportunité que l’œuvre de groupes criminels qui viseraient spécifiquement le tabac. Et les buralistes avaient des stocks importants à voler. »

•• Si les chiffres ne sont pas encore arrêtés, la Mudetaf « a constaté une envolée des sinistres liés à des cambriolages ou à des tentatives depuis le confinement » assure Philippe Coy. « On a des régions comme la Loire-Atlantique où la hausse des cambriolages serait de 30 % par rapport à l’an passé » assure le patron des buralistes, qui a contacté le ministère de l’Intérieur.

Le même phénomène existe dans la Drôme ou dans l’Ardèche : « à chaque fois, les voleurs ne repartent qu’avec du tabac, qui doit être facile à écouler en ce moment. »