« Si l’on voulait encourager la contrebande, on ne s’y prendrait pas autrement » … José Oliva, président des buralistes corses (voir 8 janvier), ne cache pas son inquiétude, dans Corse Matin, face au tout nouveau décret sur l’importation de tabac par les particuliers (voir 29 mars).
« Tant qu’il n’y aura pas d’harmonisation, la situation va être compliquée » s’alarme José Oliva. « Nous subissons déjà la concurrence de la Sardaigne, où le prix du paquet est à six euros. Les buralistes sont inquiets, notamment dans l’Extrême-Sud »
•• Il est d’autant plus remonté que la profession fait face, localement, à une « triple peine » : une hausse nationale des prix mais aussi une baisse des commissions ainsi qu’un rattrapage des tarifs avec le Continent dans l’île.
Si la Corse devrait conserver un avantage de 5 % en 2026 (par rapport aux prix sur le Continent , les buralistes insulaires n’en sentent pas moins le vent du boulet. « Nous sommes une région frontalière et on ne peut pas se retrouver en concurrence avec des pays européens, comme l’Italie, où le prix des cigarettes varie du simple ou double » avance Luc Chautard, buraliste à Borgo, « on voit de plus en plus de paquets italiens. Il y a urgence à agir pour intensifier les contrôles ».
« Les chiffres sont cataclysmiques » estime José Oliva. « En raison du rattrapage, nous perdons peu à peu la clientèle touristique française, qui représentait jusqu’à 40 % de notre activité. La situation devient compliquée ». « Sans un moratoire sur la fiscalité, sollicité auprès du Gouvernement, nous ne tiendrons pas longtemps » conclut-il.
•• Pour rappel, tandis qu’en France continentale, les droits de consommation sur le tabac sont reversés aux organismes de Sécurité sociale, dans l’île le produit de ces taxes est perçu par la Collectivité de Corse. Cette ressource a représenté, en 2022, 153 millions d’euros, soit 17 % de son budget.
C’est sans doute aussi pour cette raison que l’Assemblée de Corse a voté, le 27 octobre 2023, une motion proposant un « échelonnement dans le temps de la mise à niveau des prix pratiqués en Corse. » Une mesure que l’exécutif corse souhaite voir assortie d’un plan d’aide aux buralistes spécifique à l’île et d’une compensation de pertes de recettes fiscales.
Le sujet serait sur la table de Bercy.