Douze membres présumés d’un juteux trafic de cigarettes comparaissent, cette semaine, devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour avoir importé et revendu des cigarettes de contrebande ou de contrefaçon (voir 4 octobre). Suivi du procès par Le Parisien.
Les deux principaux prévenus – les Arméniens Hovik K., 49 ans, et son fils, Ara, 30 ans – sont soupçonnés de diriger un réseau qui a inondé l’Île-de-France entre janvier 2018 et mai 2020 de près d’un million de cartouches de cigarettes de contrebande ou contrefaçon. À la barre, ce 5 octobre, le patriarche, arrivé en France en 2009, a nié avec vigueur toute implication dans le trafic.
•• Tout juste reconnaît-il avoir « aidé (son) fils, Ara » à blanchir « à sa demande » un peu d’argent généré par son « business ». Ce business ? « Mon fils a expliqué qu’il ne faisait que trouver des clients pour des Russes qui importaient des cigarettes (…) Il ne jouait qu’un rôle d’intermédiaire » minimise Hovik K.
Les enquêteurs de la sous-Direction de la Lutte contre l’ Immigration irrégulière (SDLII), qui ont été mis sur ses traces grâce à un renseignement anonyme, ont acquis la conviction que Hovik K. gérait notamment l’approvisionnement des cigarettes, importées d’Ukraine ou de Pologne, soit par colis, soit par camions, au rythme d’un par semaine. Et qu’il donnait des directives à son fils, Ara, son bras droit.
Les investigations ont fait apparaître des liens entre Hovik K. et le chef présumé d’une organisation mafieuse russe du type Vory v Zakone (« voleurs dans la loi » en russe / voir 28 juin 2021).
« Je n’ai pas d’ami mafieux » conteste Hovik, comme l’avait fait la veille à l’audience le bras droit d’un gros client du réseau. « On m’a même présenté en Arménie comme un Cosa Nostra, c’est n’importe quoi ! »
•• Selon l’accusation, Ara K., le fils, réceptionnait la marchandise, qui était stockée dans un entrepôt de Vaux-le-Pénil (Seine-et-Marne). Les cigarettes étaient ensuite ventilées vers plusieurs grossistes, qui revendaient à leur tour à des semi-grossistes, qui alimentaient en bout de chaîne des vendeurs à la sauvette.
Ara K. vendait les cartouches contrefaites, venues de Pologne, au prix de 21 à 22 euros pièce. Celles de contrebande, venues d’Ukraine, s’écoulaient au prix de 33 euros. Le jeune homme a été entendu ce jeudi 6 octobre par le tribunal.
•• Seul le fournisseur du réseau, un certain « Aper » dont l’identité n’est pas clairement établie, n’a jamais été arrêté.
À la barre, son intermédiaire présumé, Isahak S., s’est évertué à amenuiser son rôle, reconnaissant seulement avoir transféré à quelques reprises « vers l’Arménie » de grosses sommes d’argent, remises en liquide par Ara. « Vous nous faites des réponses de gros voyou », s’agace la présidente, après avoir tenté, en vain, de le faire parler davantage.
Le procès doit s’achever ce 7 octobre.