La détention et la consommation de protoxyde d’azote, ou « gaz hilarant », sont dorénavant interdites aux mineurs sur la voie publique dans de nombreux quartiers de Paris, jusqu’à la fin juillet, selon un arrêté de la préfecture de police qui évoque « une recrudescence inquiétante chez les jeunes ».
C’est ce qu’annonce une dépêche AFP que nous reprenons (voir aussi 26 mai, 26 mars 2021). Laquelle revient sur un phénomène dont l’ampleur inquiète particulièrement la Préfecture de Police et … dont les développements échappent encore aux « spécialistes » des addictions et de la santé publique.
•• Cette interdiction, entrée en vigueur le 2 mai et qui s’applique jusqu’au 31 juillet 2023, vise à « prévenir les risques d’atteinte à la santé et à la salubrité publiques » au vu de la « banalisation » de la consommation de ce gaz hilarant chez les jeunes, indique la préfecture.
La détention, le dépôt ou l’abandon sur la voie publique de cartouches d’aluminium, bonbonnes, bouteilles et autres récipients de protoxyde d’azote sont aussi désormais interdits jusqu’à cette date.
« L’usage détourné du protoxyde d’azote (N20) est un phénomène identifié depuis de nombreuses années, notamment dans le milieu festif » et « connaît depuis 2019 une recrudescence inquiétante chez les jeunes, parfois en dehors de tout contexte festif, accentuant la banalisation de son usage », constate la préfecture.
L’interdiction s’applique aux quais, berges et canaux de la capitale, à l’ensemble des parcs, jardins et esplanades (à l’exception du jardin du Luxembourg), abords des bars, discothèques, cinémas ou encore théâtres, entrées et sorties des métros ou des gares. Les places de la République, de la Bastille, du Trocadéro ou de la Nation, l’avenue des Champs-Élysées et nombreux autres quartiers de divers arrondissements de Paris sont également concernés.
•• Utilisé comme analgésique en médecine ou dans les siphons de cuisine, le protoxyde d’azote, couramment surnommé « proto », fait fureur chez les jeunes pour ses effets psychoactifs courts, de l’ordre de trois à quatre minutes. Il s’inhale la plupart du temps via des ballons de baudruche gonflés par des capsules ou des bonbonnes fréquemment abandonnées par la suite sur la voie publique.
La consommation de ce psychotrope présente des risques comme l’asphyxie, la perte de connaissance, des brûlures mais aussi, en cas d’usage répété et/ou à fortes doses, de sévères troubles neurologiques, hématologiques, psychiatriques et cardiaques.
Bien que sa commercialisation dans les débits de boissons et tabac ainsi que sa vente aux mineurs soient interdites depuis mai 2021, il est aujourd’hui la troisième substance la plus consommée en France après le tabac et l’alcool, toujours selon la préfecture de police de Paris.
Elle indique en effet que « le nombre de cas évalués par le réseau d’addictovigilance a été multiplié par 10 depuis 2019 », précisant qu’il s’agit de consommations quotidiennes dans près de la moitié des cas, et que les cas graves sont eux aussi en augmentation.