En vente libre dans de nombreuses boutiques spécialisées et dans certains bureaux de tabac, le HHC (hexahydrocannabinol) fait fureur grâce à ses effets psychoactifs, selon Le Parisien / Aujourd’hui en France de ce 8 mai.
Mais contrairement au cannabis, il n’est pas illégal grâce à un vide juridique. Des professionnels du secteur s’inquiètent, alors que des pays européens l’ont déjà interdit. Nous reprenons l’essentiel de l’article du Parisien.
HHC. Depuis quelques semaines, ces trois lettres font sacrément parler d’elles. Sur les réseaux sociaux, il suffit de taper HHC pour avoir la promesse d’un « effet défonce » et autre « effet planant en deux-deux ».
•• Selon le professeur de pharmacologie, Nicolas Authier : « le HHC n’a rien de naturel. On parle d’une drogue de synthèse, fabriquée facilement en laboratoire en partant du CBD, auquel on ajoute de l’hydrogène », décrypte le médecin, « cela n’est pas du tout nouveau, la première synthèse a été décrite dans les années 1940, mais ça a émergé au niveau mondial il y a deux ans, et en Europe il y a une petite année. »
« Ben oui, c’est planant comme le THC sauf que là, c’est légal ! » résume le gérant d’un magasin du centre de Paris. Lui, affiche son HHC dès l’entrée. Sous jolie cloche, les fleurs à 20 % de concentration sont en promo : 35 euros les 10 grammes. Celles à 40 % — plus fortes donc — sont à 13 euros le gramme. ( …) La puff a 30 % est vendue 26,50 euros, bien plus chère que la vape de « simple » CBD, entre 8 et 16 euros.
•• « On voit un marketing se développer comme rarement avec les drogues. C’est très organisé, il y en a pour tous les goûts et tous les publics. La forme herbe va alpaguer le fumeur de cannabis, le bonbon, ludique, les jeunes et l’huile, les plus âgés … » se désole Joëlle Micallef, professeure de pharmacologie à Marseille. Selon elle, une récente étude montre que le HHC a un profil superposable au THC et« même plus puissant ».
L’important réseau français d’addictovigilance qu’elle préside compte déjà une dizaine de cas de consommation de HHC qui ont mal tourné : « en addictovigilance, c’est un vrai signal, car c’est répété, partout en France, et qu’on sait que lorsqu’on a un cas répertorié, il y en a en fait 100. » D’autant que certains ont été victimes de produits dits « adultérés », présentés comme du CBD alors qu’ils contenaient du HHC.
•• « Ça agit sur les mêmes récepteurs que le THC, ça a les mêmes effets psychoactifs, ou presque … Donc ça peut entraîner les mêmes risques, les mêmes complications, les mêmes addictions. En revanche, aucun intérêt thérapeutique n’a pour l’instant été démontré » abonde le professeur Nicolas Authier. Pour lui aucun doute, le HHC est « tout simplement le joint légal du moment ».
Alors que l’Autriche et la Finlande viennent de l’interdire, le médecin s’étonne pour le moins que les autorités françaises ne se prononcent pas sur la molécule qui s’arrache, en toute visibilité, sans aucun encadrement. « Ils vont devoir le faire et vite, car une fois le produit installé, il sera très compliqué de dire Au fait, on arrête ! Si elles considèrent qu’il est légal et sans problème, cela posera forcément la question du THC » fait remarquer l’expert.
•• Contactée par Le Parisien, la Direction générale de la Santé (DGS), indique maintenir sa « vigilance » sur la molécule.
« Informées de sa diffusion, les autorités sanitaires sont actuellement en train de travailler à une clarification de son statut juridique, dont l’une des conclusions pourrait prendre la forme d’un classement comme stupéfiant. Ce travail échoit à l’ANSM (l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé), en relation avec la Direction générale de la Santé ».
Victor Habert-Dassault, député LR de l’Oise, a demandé dans une question écrite, le 25 avril, si le ministère de la Santé comptait interdire la substance, selon Ouest France. Photo : AFP Hans Lucas