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29 Sep 2022 | Profession
 

À la veille de la signature d’un partenariat avec un bailleur social pour le paiement des loyers chez un buraliste (voir ci-dessous), Stéphane Pallez, Pdg du groupe FDJ, était en visite dans un tabac-presse à Bruz (région rennaise) proposant déjà le Paiement de Proximité. Elle a répondu aux questions de Ouest France … Un large tour d’horizon (extraits). 

Stéphane Pallez : … Sous la marque «nirio» nous souhaitons élargir le service (paiement de proximité ) à d’autres factures : téléphone, eau, gaz, électricité, loyer. Aujourd’hui nous sommes en train de prospecter et de commencer à contractualiser avec des bailleurs sociaux ou des fournisseurs d’énergie. Cette offre correspond à un besoin, à un usage simple considéré comme facile et plus sécurisant. 

• Est-ce déjà accessible ?

S. P. : Dès 2023, les citoyens pourront régler leurs factures du quotidien ou leur loyer dans le réseau tabac-presse. 10 000 commerçants partenaires de la FDJ ont d’ores et déjà donné leur accord pour offrir ce nouveau service à leurs clients.

Ce mercredi 28 septembre à l’occasion du Congrès Hlm de l’Union sociale pour l’ Habitat nous allons signer un contrat avec le bailleur social francilien Seqens, filiale d’Action Logement. C’est le premier du genre, en dehors de notre partenariat Dgfip. Nous voulons développer ce type de contrat qui permettra aux locataires de payer leurs loyers. Nous sommes en train de former nos détaillants pour qu’ils soient agréés par l’ACPR, le régulateur bancaire, pour qu’ils puissent offrir une gamme de services plus étendus en matière de paiement de factures.

• Au cours de l’été, la FDJ a racheté deux entreprises Adstellam (L’Addition) et Aleda spécialisées dans des solutions de paiement et d’encaissement. Pourquoi ces achats ?

S. P. : Ils correspondent à une stratégie plus globale de donner la capacité aux points de vente d’offrir plus de services à leurs clients. Ces entreprises développent des logiciels qui facilitent la gestion pour les détaillants. C’est tout notre enjeu, si on veut réussir à offrir beaucoup de services.

• La FDJ vient d’entrer en négociation exclusive pour acheter le concurrent du PMU sur les paris hippiques. Est-ce que cela fait partie de votre stratégie de diversification ?

S. P. : Non. Aujourd’hui, nous sommes en monopole dans notre réseau physique sur la loterie et les paris sportifs. Nous sommes aussi un acteur du marché ouvert à la concurrence des paris en ligne. Aujourd’hui nous ne sommes qu’un acteur du pari sportif alors que la majorité de nos concurrents ont une ou deux autres activités (poker ou pari hippique). Pour continuer à croître sur ce marché de manière rentable et saine, nous avions l’intention de devenir un opérateur de paris en ligne globale. Nous sommes effectivement entrés en exclusivité avec ZeTurf, mais on ne l’a pas encore acheté. 

• Le chemin est-il encore long ?

S. P. : Dans le cadre de la période d’exclusivité, nous nous sommes donnés un mois pour finaliser cette acquisition. Viendra ensuite l’étude de notre dossier par l’Autorité de la Concurrence et de l’ANJ. Pour d’autres dossiers, la décision est arrivée au bout de six mois à un an.

• Cette potentielle acquisition marche sur les plates-bandes du PMU qui détient le monopole sur les paris hippiques dans le réseau physique …

S. P. : Ze Turf est déjà le concurrent en ligne du PMU. La filière hippique a pour intérêt que les paris hippiques se développent puisqu’ils la financent. Donc si demain, je suis un acteur de la filière hippique je la financerai de la même façon. L’objectif pour nous est de continuer à développer Ze Turf et de continuer à financer la filière hippique. Sans avoir la moindre confusion avec le réseau dans lequel le PMU a le monopole dans les points de ventes.

Au même titre que la FDJ a le monopole dans les points de ventes sur les paris sportifs. On se connaît depuis longtemps, nous avons 11 500 points de vente en commun. Nous travaillons depuis longtemps dans le même réseau auquel nous tenons beaucoup. Nous ne souhaitons pas le déstabiliser.

• Le 21 novembre 2022, cela fera trois ans que la FDJ est entrée en Bourse. Quel bilan tirez-vous ?

S. P. : C’est une grande fierté d’avoir réussi à attirer environ 500 000 particuliers. Nous en avons encore 400 000 qui sont restés fidèles. Ce qui fait de la FDJ, l’une des entreprises françaises qui comptent le plus d’actionnaires. Notre entreprise qui a été introduite en Bourse, à 19 euros l’action. Celle-ci vaut aujourd’hui environ 30 euros. C’est un cours en plus-value depuis son introduction, ce n’est pas le cas de toutes. Nous versons 80 % de notre résultat net en dividendes. Il s’élevait à 290 millions d’euros en 2021.

• L’État pourrait-il abaisser encore sa participation au capital ?

S. P. : Il est toujours actionnaire à hauteur de 20 %. L’État avait gardé les actions gratuites qu’il avait promises aux actionnaires qui resteraient 18 mois. Ce qui a abaissé sa participation de 22 % à 20 % comme prévu. Il n’y a pas d’objectif de cession immédiate.

• Dans cette période inflationniste. Observez-vous un changement du comportement des joueurs ?

S. P. : Non. Les gens ne jouent pas plus car le contexte économique serait plus difficile. Nous avons 25,3 millions de joueurs en France qui dépensent en moyenne 11,10 euros par semaine. Cela représente donc une « petite » part dans le budget loisir des Français ce qui explique pourquoi nous ne sommes pas sensibles aux cycles de l’économie.

• Comment expliquez-vous les résultats en hausse du premier semestre 2022 par rapport à 2021 ?

S. P. : Le premier semestre a été excellent sur les jeux de loterie comparés aux paris sportifs. On s’attend à un deuxième semestre plus dynamique sur les paris sportifs avec la Coupe du monde. Sur la loterie, ce qui attire le plus de joueurs c’est le roulement de la cagnotte. C’est-à-dire quand le jackpot grimpe sans être remporté. Cela était le cas jusqu’à la semaine dernière avec la cagnotte de l’EuroMillions de 194 millions d’euros ( …) 

• Depuis le 29 août, la FDJ a lancé une nouvelle Mission du patrimoine. Comment se passe le démarrage ?

S. P. : Pour cette cinquième édition, nous avons déjà collecté 23 millions d’euros en moins d’un mois grâce aux 7 tirages du loto et la vente des tickets Mission patrimoine qui sont en ventes jusqu’en décembre. À titre de comparaison, nous avions collecté 28 millions en 2021. Néanmoins, ce sont toujours dans les premières semaines que nous enregistrons le plus de mises.

Mais nous espérons dépasser les niveaux de l’an dernier. Depuis 2018, nous avons collecté 100 millions d’euros à travers le loto du patrimoine et les jeux du patrimoine à gratter, 422 monuments français sont rénovés ou en cours de rénovation. D’ailleurs le Président a annoncé le prolongement de l’opération pour les cinq prochaines années.

• Les pénuries sont partout. La filière papier est malmenée. Les tickets à gratter pourraient-ils venir à manquer ?

S. P. : Pas du tout. Même si nous n’avons plus aucun imprimeur de tickets en France, nous nous approvisionnons au Canada, aux États-Unis et en Chine. Fabriquer du papier à gratter demande un protocole lourd et coûteux avec des normes importantes. Nos contrats avec les fournisseurs sont négociés sur plusieurs années, nous n’avons pas de problème de prix. La production de ticket n’est pas le poste de dépense le plus important dans notre modèle.