Le Journal du Dimanche a publié une intéressante interview de Florent Biriotti (fondateur du site jesuisvapoteur.org) qui défend notamment l’idée que vapoter est l’une des méthodes les plus efficaces pour arrêter de fumer. Une prise de parole nécessaire par les temps qui courent …
JDD : Alors que le Mois sans Tabac se termine, quel bilan en dressez-vous ?
Florent Biriotti : en tant qu’ex-fumeur, la vape m’a sauvé ! Je trouve que l’on n’a pas beaucoup entendu parler de ce Mois sans Tabac (voir 1er novembre et 31 octobre), alors que c’est un sujet de santé publique qui devrait mobiliser tout le monde. Rendez-vous compte : le tabac fait 200 morts par jour en France. Et on laisse faire alors que ce sont des morts évitables !
En revanche, depuis une semaine, toutes les associations se mobilisent contre les nouveaux moyens de consommation de nicotine. Pour moi, elles se trompent de combat. Elles agitent l’argument émotionnel des jeunes et essayent de faire peur au lieu d’expliquer.
JDD : Pour le Comité national contre le Tabagisme, ces nouveaux produits ne sont pourtant pas des aides à l’arrêt du tabac car ils maintiendraient en réalité le consommateur dans l’addiction…
Florent Biriotti : La population est persuadée que la nicotine est cancérigéne, à tort comme l’a souvent rappelé l’Institut national contre le cancer. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, depuis toujours, on aide les fumeurs avec des patchs. En revanche, il est vrai que c’est très addictif. Mais si ce sont des solutions qui permettent d’arrêter le tabac, pourquoi s’en passer ?
La Suède est le seul pays d’Europe à encourager la consommation de nicotine orale, ce sachet qu’on se met dans la bouche et qui libère de la nicotine. Et ça fonctionne : on a trente ans de recul sur le sujet et, aujourd’hui, la Suède est considérée comme un pays non-fumeur par l’OMS, moins de 5 % d’adeptes dans la population (voir 15 septembre).
JDD : Le 4 décembre, une proposition de loi pour interdire les puffs, ces cigarettes électro‐ niques jetables, doit être débattue à l’Assemblée nationale (voir 15 novembre). Est-ce une bonne chose ?
Florent Biriotti : Il y a un sujet de santé publique et un sujet écologique évident : on peut trouver plus écolo que de jeter une batterie tous les jours. Mais, sur le fond, cette interdiction, si elle est votée, ne changera rien. On n’affronte pas le vrai problème : le tabagisme. La lutte contre l’accès des jeunes à ces produits doit être une priorité mais là, on va seulement interdire un outil qui permet aux adultes d’arrêter.
Alors qu’il suffirait de faire appliquer la loi : ne pas vendre ces produits à un mineur et mettre en place les contrôles nécessaires. On le fait bien pour l’alcool, pourquoi pas pour ces produits ? Aux États-Unis, depuis qu’il y a des restrictions sur les vapoteuses, le tabagisme repart en flèche.
JDD : Vous dites redouter que la prochaine étape soit l’interdiction des arômes pour les e-liquides. Pourquoi ?
Florent Biriotti : Interdire les arômes renverrait les fumeurs vers le tabac et les ferait délaisser la vape. La moitié des vapoteurs disent qu’ils reprendraient la cigarette si on interdisait les arômes (voir 16 novembre). On sait que 87 % des vapoteurs constatent que la vape améliore leur santé par rapport au tabac. En Angleterre, on a même le droit de vapoter dans sa chambre d’hôpital ! Et partout, il est écrit que vapoter réduit de plus de 95 %les risques liés au tabagisme. Et pourtant, on va continuer à diaboliser ce produit plutôt que de l’expliquer.