C’est ce qui apparait avec l’annonce faite, ce vendredi 28 juillet, par le docteur Scott Gottlieb, le nouveau patron de la US Food and Drug Administration (l’agence américaine des produits alimentaires et des médicaments, la FDA, régulant aussi les produits du tabac et du vapotage) qui laisse entrevoir un changement stratégique important dans la lutte contre l’addiction au tabac.
Avec un pragmatisme s’appuyant, notamment, sur les produits potentiellement à moindre nocivité ? Il le semble, mais on verra au fur et à mesure des prochaines analyses.
•• Son intention affichée consiste, avant tout, à réduire la nicotine dans les cigarettes à un niveau ne provoquant pas d’accoutumance pour les fumeurs.
D’après l’AFP, « les mesures dévoilées vendredi font partie d’un plan plus étendu visant à décourager le public de fumer des cigarettes conventionnelles en faveur de produits contenant de la nicotine, mais moins nocifs, comme les cigarettes électroniques.
« C’est la première fois que les autorités fédérales tentent d’encourager les Américains à arrêter de fumer en s’attaquant directement à la substance addictive.
« Jusqu’à présent, les mesures anti-tabac consistaient en des mises en garde contre les dangers du tabagisme sur les paquets de cigarettes, des taxes sur le tabac et des campagnes de dissuasion visant surtout les jeunes » précise l’AFP.
•• En fait, c’est lors d’une convention avec le personnel de la FDA à Silver Spring (Maryland) que Scott Gottlieb a fait son discours : « Un recentrage sur la nicotine peut nous permettre d’aller vers un monde où les cigarettes ne seront plus un moyen d’addiction pour les futures générations » rapporte de ses propos Associated Press, en précisant que la nicotine provoque l’addiction au tabac dont le goudron et d’autres substances inhalées représentent des dangers mortels.
Sachant aussi que la nicotine – hautement addictive – est plus dangereuse quand elle est délivrée à travers les particules de tabac brûlé.
« Si nous ne changeons pas notre trajectoire, 5,6 millions de jeunes Américains d’aujourd’hui sont appelés à mourir prématurément à cause du tabac. Envisager un monde où les cigarettes ne créeront ou n’entretiendront plus l’addiction – et où les adultes qui ont encore besoin ou souhaitent de la nicotine pourront l’obtenir de façon alternative et moins nocive – cela nécessite d’être la pierre angulaire de nos efforts » a indiqué encore Scott Gotlieb.
« Comme la nicotine est au cœur de tout le problème et que la solution est une question d’addiction, une partie de la stratégie de la FDA doit se concentrer sur les niveaux d’addiction de la nicotine dans les cigarettes combustibles (…) Notre approche de la nicotine doit s’accompagner d’une base sérieuse de règles et standards pour les produits nouvellement régulés. Pour y arriver avec succès, toutes les étapes doivent être franchies en concertation et non de façon unilatérale ».
Sur cette base, les grandes lignes d’une nouvelle réglementation devraient être connues prochainement.
•• En même temps, la FDA a annoncé des reports dans la mise en application – qui, en principe, aurait dû déjà être effective – de sa dernière règlementation, plutôt contraignante (voir Lmdt du 6 mai 2016), concernant :
• les cigares, le tabac à pipe et à chicha, au 8 août 2021 ;
• les produits du vapotage et non-combustibles, au 8 août 2022.
•• Enfin, Scott Gottlieb a indiqué qu’il envisageait l’interdiction du menthol dans tous les produits (AFP).
Mais on a appris aussi, par Associated Press, que Scott Gottlieb avait demandé au FDA’s Center for Tobacco Products d’étudier si le fait de baisser la nicotine dans les cigarettes était susceptible d’engendrer un marché noir. Ce qui est significatif d’une démarche plutôt pragmatique.
Autre commande d’étude de sa part : quel est le rôle que peuvent jouer la cigarette électronique et d’autres produits pour faire baisser la nocivité dans l’acte de fumer ? Là encore, c’est significatif.
•• Précisons que les États-Unis connaissent, ces dernières années, une baisse de la prévalence tabagique à un niveau sans précédent, avec seulement 15 % des adultes qui fument (voir Lmdt des 17 décembre 2016 et 28 novembre 2015). Sans paquet neutre.